Pascal Pellan, ancien directeur de la Chambre de métiers 22, tire profit de son expérience dans l’artisanat pour apporter quelques conseils pour redorer l’image de l’agriculture auprès des jeunes candidats potentiels à l’installation et au salariat dans notre secteur.
« Faire connaître notre beau métier qui connaît certes en ce moment une conjoncture difficile peut encore faire rêver. Comment le faire alors que nous sommes en concurrence avec d’autres branches professionnelles ? », se demande Danielle Even, vice-présidente du lycée La Ville Davy, à Quessoy (22), en charge du nouveau pôle d’apprentissage et de formation continue. Cette interpellation, elle l’adressait à Pascal Pellan, ancien directeur de la Chambre de métiers 22, invité à débattre sur le thème de « la formation, la clé de l’employabilité », lors d’un conférence organisée le 21 janvier.
Le slogan miracle
« Cela a été un long combat. Dans l’artisanat, les parents disaient fréquemment : “Fais tout sauf le même métier que moi” », démarre-t-il. Une connotation pas éloignée de certains dires agricoles en ces temps turbulents dans de nombreuses filières… Mais en alliant savoir-faire traditionnel et technologies de pointe, l’artisanat a confirmé sa place de « Première entreprise de France ». Contre toute attente, ce slogan miracle sorti du tiroir, regroupant 250 métiers avec de rares points communs mais tous regroupés sous la même bannière de l’artisanat, « a changé la face du monde, de notre monde », explique Pascal Pellan. Les artisans ont, via cette nouvelle démarche qu’ils ont affichée sur tous leurs camions, retrouvé la notion de fierté et d’enthousiasme. L’approche du secteur s’est métamorphosée : « La culture du misérabilisme a fait sa mue. Tout le monde s’est tout d’un coup rendu compte que notre secteur comptait dans le paysage, avec une place privilégiée dans l’économie avec 3,1 millions d’actifs… ». Mais il est vrai que l’artisanat – malgré la vision de ‘voie de garage’ en formation lors de l’orientation des jeunes par exemple – avait une certaine « cote d’amour » pour tout un chacun : ne dit-on pas « mon » boulanger, « mon » boucher ? « Cela est surfait, mais on s’y retrouve bien », note Pascal Pellan. Une relation qui n’existe peut-être plus en agriculture, et qui se rajoute aux difficultés à relever. « Mais vous disposez de grands événements tels que le Salon de l’agriculture, où vous retrouvez l’empathie et l’amour des concitoyens, même si leur vision est loin de la réalité, et fait parfois référence à une image bucolique de l’agriculture ».
Un rendez-vous à recréer entre société et agriculture
« Le sentiment d’agribashing, y compris sur l’écologie est à juste titre injuste. » Les citoyens ne se rendent pas compte de ce qu’apporte l’agriculture à la société. Ils ne voient que ce qu’il reste à faire. Et sur le plan économique et politique, « on vous demande plus qu’une image vertueuse pour finalement s’approvisionner plus loin. Il va donc falloir vous battre sur le plan de l’image. Vous devez créer ou organiser “un rendez-vous” entre la société et l’agriculture », insiste-t-il. À l’instar du slogan dans l’artisanat, il manque peut-être une communication
commune, comprise par tous, exposant la noblesse d’un secteur destiné à nourrir la population avec des matières premières de qualité. « Mais il faut aller vers la technologie de l’enthousiasme. Si vous n’êtes pas convaincus et ne portez pas un message d’espoir, vous ne pourrez pas le diffuser positivement auprès des autres », encourage Pascal Pellan.
L’agriculture, source d’emplois
L’agriculture a de nombreux atouts qu’elle n’arrive pas à valoriser. Les emplois locaux sont durables. Les exploitations sont à taille humaine. Le fait de nourrir la population au quotidien donne du sens à notre métier. Avec l’éventail de typologies des productions, chaque salarié peut trouver le métier qui lui correspond ; en bâtiment, en plein air, choix des espèces… Et de nombreux métiers appellent des compétences diverses ; opérateur en serre, chef de culture, éleveur, chauffeur… Le « mieux-être » au travail, on est sur la bonne voie. Je ne vois que des clignotants verts de là où je suis. Odile Caroff, Référente formation professionnelle Chambre d’agriculture