Un brin provocateur, François Bayrou, président du Haut-commissariat au plan, avait déclaré le 20 octobre dernier que, « sur bien des sujets, nous sommes une économie en voie de développement ». Et d’expliquer sa raillerie en rappelant qu’un pays en sous-développement produit des matières premières qu’on lui renvoie transformées. « À bien des égards, c’est là que nous en sommes », avait-il renchéri lors de son audition à l’Assemblée nationale. Le volet « L’agriculture, enjeu de reconquête » de ce rapport prenait, entre autres, l’exemple de la pomme de terre pour illustrer cet ébouriffant état des lieux. Premier exportateur mondial de pomme de terre fraîche, la France importe cinq fois plus de chips qu’elle n’en exporte. Prix de la facture annuelle ? 120 millions d’euros pour de fines tranches de pomme de terre assaisonnées de sel, soit un quart de l’excédent généré par l’exportation de patates. Car, faut-il le rappeler, c’est bien le solde entre exportations et importations qui définit la richesse créée par un secteur d’activité. Et c’est bien là que le bât blesse, même si depuis le milieu des années 70 la France n’a pas enregistré un seul déficit dans le secteur agricole. Mais l’excédent diminue en tendance depuis une quinzaine d’années. Si les exportations agricoles et agroalimentaires augmentent, les importations progressent en effet encore plus. Aujourd’hui, elles représentent environ 20 % de l’alimentation nationale. Elles ont doublé entre 2000 et 2019. Sur les 26 millions d’hectares mobilisés pour l’alimentation des Français presque 10 millions d’hectares se trouvent hors de l’Hexagone. Corollaire de cette tendance, le taux de couverture alimentaire français est passé d’environ 125 % au début des années 2000 à 112 % en 2018….
Retrouver la patate