Le conflit russo-ukrainien fait craindre aux filières animales une aggravation de la flambée de l’aliment du bétail, déjà au plus haut depuis plus d’un an. Ces pays sont aussi un débouché précieux pour certaines productions spécialisées comme la génétique avicole.
« Nous sommes tous très inquiets pour l’élevage », confie à Agra Presse François Gibon, directeur général de la Fédération du négoce agricole (FNA), à l’issue d’une réunion d’urgence sur la crise ukrainienne autour du ministre de l’Agriculture le 25 février. « Ce conflit vient renchérir des cours déjà élevés, en fragilisant la rentabilité de l’élevage », confirme Stéphane Radet, directeur du Snia, rappelant le contexte haussier des dix-huit derniers mois. Une situation dont il faudra, prévient-il, « tenir compte dans les coûts de production des élevages ».
Vers un remplacement du tournesol par le soja
À court terme, rassure Stéphane Radet, aucun problème de disponibilité de matière première ou d’aliment n’est toutefois envisagé en France. « On va trouver des solutions, l’élevage français ne manquera pas d’alimentation animale », a abondé le président du Snia François Cholat, lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture le 2 mars. Le tournesol concentre les inquiétudes, car 79 % des exportations mondiales proviennent de Russie et d’Ukraine. « Il est probable qu’il n’y ait plus de tournesol dans nos formules dans les mois qui viennent », prédit-il. Toutefois, cette matière première est substituable : d’après François Cholat, les importateurs sont en train de travailler sur des solutions d’approvisionnement en soja.
Un quart des exportations génétiques menacées en aviculture
Autre impact à craindre : la perturbation des exportations, cruciales pour certaines filières animales. « Nous avons demandé aux pouvoirs publics de la visibilité et le maintien des flux » à destination de la Russie et de l’Ukraine, indique ainsi Ségolène Guerrucci, la directrice du SNA (accouveurs), le 2 mars à Agra Presse. La France exporte chaque année environ 50 millions d’euros d’œufs à couver et de poussins futurs reproducteurs vers ces deux pays (dont 90 % vers la Russie). Ce débouché représente un quart des exportations totales. « La filière russe est dépendante de notre approvisionnement pour les dindes », précise-t-elle. « Pour le moment, aucune consigne n’a été donnée » , ni à Paris ni à Moscou, affirme la directrice du SNA, mais « les liaisons aériennes sont stoppées » et le paiement impossible par les clients.