Bien déprimer puis fertiliser juste

11475.hr - Illustration Bien déprimer puis fertiliser juste
Épandage de fin d’hiver sur prairie.
Une fois que le déprimage a lancé la saison herbagère, une fertilisation maîtrisée doit favoriser pour la suite la production de la prairie en qualité comme en quantité.

Le déprimage a un rôle considérable sur la saison d’herbe : il lance le démarrage du trèfle blanc et le tallage des graminées par l’apport de lumière et dégage la matière morte de l’hiver pour assurer, au 2d tour, une herbe très laitière grâce aux nouveaux limbes. Une fois ce 1er passage réalisé, la fertilisation des prairies est envisageable. Elle va servir à augmenter la qualité nutritionnelle mais aussi la quantité d’herbe via la création de talles et la libération d’éléments minéraux. Attention, réalisée en amont du déprimage, cette fertilisation engendrera de l’amertume, et donc des refus, synonyme d’un mauvais démarrage du cycle des prairies. Retenons que la fertilisation du printemps nourrit la plante, alors que celle d’automne nourrit le sol.

Varier les effluents selon la suite de la saison

Le fumier doit être bien émietté (compostage) pour faciliter son incorporation au sol. Un apport en février (8-10 t/ha pour du pâturage, ou plus si fauche doit suivre) se ressentira au printemps (avril – mai). Le lisier de bovin doit être brassé régulièrement au cours de l’hiver afin de réduire son effet acidifiant sur la rhizosphère et de faire évoluer la forme des minéraux qu’il contient (effet oxygénation). Un lisier doit être appliqué sur des couverts ras (1 500 kg MS/ha) car plus il reste de feuilles, plus il risque de coller dessus. Conséquence : les bovins bouderont l’herbe du paddock. De ce fait, les retours sur les parcelles fertilisées au lisier doivent dépasser les 40 jours. D’où l’intérêt d’avoir des parcelles à temps de séjour court (24/48 heures) pour appliquer rapidement le lisier derrière les animaux et mieux moduler son avancement dans le déprimage.

Pas d’amertume avec le lisier de porc

Enfin, le lisier de porc crée moins d’amertume mais est à utiliser avec modération. En excès, il modifie les microorganismes de la rhizosphère, dégrade le squelette du sol (Ca) et favorise plus facilement des problèmes de météorisation ou d’entérotoxémie par la suite. À l’application, enfouisseurs et pendillards sont à privilégier en veillant au poids de l’attelage afin de maximiser la valeur fertilisante tout en limitant le tassement. L’apport dépendra de ce qui est prévu au tour suivant. En cycle pâturage, 20 à 25 m3 (40 à 50 unités d’azote)/ha de lisier (porc ou bovin), pas davantage pour éviter l’amertume. Pour une fauche, il est possible de monter à 30 à 35 m3.

S’affranchir des fameux « 200 degrés jours »

L’approche des « 200 degrés jours », seuil où les effluents sont le mieux valorisés par une plante en plein cycle de croissance (besoin d’azote), correspond bien plus à un système de cultures qu’à un système pâturant. Appliquer en systématique de l’engrais (organique ou minéral) à cette date sans prendre en compte des critères comme le stock sur pied, le stade végétatif, la dynamique de pousse, le chargement… revient bien souvent à gaspiller de l’argent et à se faire bientôt dépasser par l’herbe à cause des conséquences d’un mauvais déprimage (manque de talles et de trèfles, gaines hautes, rendement annuel bas).

Florent Cotten/PâtureSens


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