Le soja, roi de la protéine, est de plus en plus controversé pour des raisons environnementales. Des essais montrent que des protéagineux peuvent le remplacer, au moins partiellement.
Comment se passer du tourteau de soja, si riche en acides aminés, bon marché et adapté aux besoins des jeunes animaux ? Les Hollandais de Denkavit testent l’incorporation de pois et de lupin doux (faible teneur en alcaloïdes) produits en Europe dans les aliments 1er et 2e âge. Deux essais ont été conduits dans leur centre de recherche. Dans le premier essai, portant sur une cinquantaine d’animaux, les performances et digestibilités après sevrage ont été mesurées sur des lots recevant un aliment standard contenant 18 % de tourteau de soja (TS) ou 19 % de lupin bleu. « Les résultats montrent qu’il n’y a pas de différences entre les deux groupes sur la croissance en post-sevrage », indique Clément Moire, de Denkavit, intervenant aux JRP. « La quantité d’aliment ingéré est identique dans les deux lots. Des mesures de digestibilité de l’aliment, de la rétention en azote, de l’absorption de la matière grasse et de la digestibilité de la cellulose brute, réalisées en 2e et 5e semaine de PS, donnent les mêmes résultats dans les deux groupes ».
Concurrentiels et disponibles
Dans le deuxième essai, plus conséquent car portant sur 393 porcelets sevrés à 27 jours, les performances d’un lot témoin A ayant reçu un aliment standard avec tourteau de soja ont été comparées à deux lots B et C ayant consommé un aliment où le TS est remplacé partiellement et respectivement par du pois et par du lupin doux. Le pourcentage de tourteau de soja dans l’aliment 1er âge chute de 18 % à 14,7 % et de 15,2 % à 9,1 % dans le 2e âge (composition de l’aliment en % du brut). Les valeurs nutritionnelles (dont protéines) sont les mêmes dans les formules des trois aliments. Les performances zootechniques ont été suivies sur la totalité du post-sevrage. « Aucune différence significative n’a été mesurée sur la croissance et la consommation des animaux ». Les fèces ont également été observées : « Il n’y a pas de différence de consistance fécale sur la période. Les fèces sont simplement plus grises dans l’alimentation avec du pois ». Il semble donc possible, selon cet essai, d’incorporer (dans les formules) au moins 5 % de lupin doux ou 7,5 % de pois dans le 1er âge et 10 % de lupin ou 15 % de pois dans le 2e âge (en remplacement d’une partie du TS). Probablement plus si les résultats du premier essai sont confirmés. « De nouveaux tests seront réalisés sur des cohortes plus importantes, avec des taux d’incorporations supérieurs de protéagineux. Ces formules sont économiquement concurrentielles et les matières premières sont disponibles en France ».