Pour son assemblée générale, la Confédération paysanne des Côtes d’Armor a invité le naturaliste François de Baulieu à aborder la relation ténue entre biodiversité et agriculture. « En Bretagne, nous sommes dans une nature humanisée, transformée par l’homme. La biodiversité dépend de l’agriculture et inversement. Mais pas toujours… », a démarré François de Baulieu, invité à intervenir, jeudi 10 mars, à l’assemblée générale de la Confédération paysanne à Lanrodec. Et de citer en exemple le retour des faucons pèlerins depuis 15 ans sur les falaises bretonnes : « Venus d’Angleterre, ils se sont d’abord installés à Brest. Pourquoi ? Car il y a là-bas beaucoup de proies, les pigeons attirés par les quantités de blé et de soja qui transitent par le port. Malheureusement, derrière ce retour du rapace et ce commerce, il y a aussi la déforestation de la forêt amazonienne. » Disparition drastique des linéaires de haies Et le naturaliste, membre de Bretagne Vivante, de poursuivre, incisif sur les effets de la Pac : « Les réformes se sont accompagnées d’un effondrement de la population paysanne parallèlement à l’effondrement des populations des oiseaux des milieux agricoles ! » Il pointe ainsi le déclin accéléré des perdrix autochtones, des alouettes, des bruants, des linottes… « Ces compagnons des agriculteurs qui donnaient tant de plaisir à travailler dehors. » Entre 1985 et 2015, 450 millions d’oiseaux ont ainsi disparu en France. 3 milliards en Amérique du Nord. « Un recul de 65 % des oiseaux en moins de 55 ans ! », résume François de Baulieu. « Et je ne parle même pas du déclin des reptiles, des amphibiens, de tous les invertébrés ou des messicoles… » Pour expliquer cette chute retentissante des espèces, le spécialiste projette une photo aérienne de Lanrodec, commune rurale, de 1952 et d’aujourd’hui… « Le nombre de parcelles a fortement diminué pour le remembrement agricole et une majeure partie des linéaires de haies a disparu. » « Faire avec la nature »…
La biodiversité rend des services gratuits