Dix groupes de progrès culture Eureden, appelés fermes 30000 (1), ont démarré depuis septembre 2020. Depuis 18 mois, diverses thématiques ont été travaillées en fonction des orientations choisies par les groupes. Un thème commun a fait l’objet de nombreuses rencontres cet hiver : l’allongement des rotations avec une approche économique et agronomique, réalisé par Jean-Luc Le Bénézic (Prestaé conseils).
En partant des marges cultures et des arrières effets des cultures intermédiaires, une analyse de marges calculées à l’échelle de la rotation a été présentée.
Approche économique et agronomique de la succession culturale
L’évaluation du bénéfice économique d’une culture est réalisée en prenant en compte l’effet précédent sur l’azote pour les cultures suivantes (⅔ des apports de la culture vont nourrir la culture suivante et ⅓ la culture n+2). En partant d’une succession culturale « simple » maïs-blé, l’ajout de colza, de féveroles, de légumes (pois, haricot), de prairies a été étudié en présentant les avantages (exemple : retour de carbone au sol) et les inconvénients (exemple : favorisation d’adventices résistantes). Ainsi, le colza, la féverole, le sarrasin, les légumes et la prairie constituent des précédents à impact positif sur les 2 cultures suivantes. À l’inverse, les céréales et le maïs ensilage ont plutôt un impact neutre à négatif. Les bilans économiques des successions culturales explorées s’échelonnent de 800 à 1 500 euros/ha/an. Sur un autre aspect, agronomique, la plupart des successions culturales ont un bilan humique négatif. Pour essayer de neutraliser les pertes il faut être meilleur sur la restitution au sol grâce aux couverts végétaux.
Les exploitations supports pour le terrain avaient des assolements diversifiés avec mise en place de nouvelles cultures sur les dernières campagnes ou des projets de diversification à l’étude.
Les participants témoignent: « Ont apprécié cette approche globale » ; « Reconnaissant du travail nécessaire en amont pour proposer ces résultats chiffrés ».
[caption id= »attachment_63322″ align= »aligncenter » width= »720″] En salle : apports théoriques sur l’allongement des rotations.[/caption]
Évolution des indicateurs (IFT)
Pour répondre aux objectifs d’optimisation de l’utilisation des produits phytosanitaires de ces groupes de progrès, la rotation est une entrée clé pour la baisse d’IFT (Indice de fréquence de traitement). Chacun l’aménage comme il peut dans la mesure de ses besoins et de ses contraintes. La base, c’est un équilibre dicotylédones/graminées et une alternance de cultures printemps et hiver. Concernant les indicateurs suivis dans ces groupes de progrès culture, les IFT sont calculés pour chaque campagne culturale. Les premiers résultats d’évolution des IFT 2019/2021 montrent des signes encourageants. La gestion des adventices, et notamment du ray-grass résistant sur certains secteurs, est le principal frein rencontré par les agriculteurs des groupes pour réduire leur IFT sur blé. En conclusion, dans un contexte de réforme de la Pac 2023 à venir, ce travail prend tout son sens au travers des nouveaux critères de diversification des cultures plus exigeants et des conséquences sur les assolements.
Muriel Guernion
(1) Les groupes de progrès culture sont des collectifs d’agriculteurs engagés en Écophyto 30 000 fermes avec près de 200 agriculteurs répartis dans 13 groupes localisés auprès de chaque territoire Eureden.
Évolution d’IFT sur les blé entre 2019 et 2021
Ploërmel : -30 %
Argoat (n=8) : -16 %
Loudéac : -15 %
Pays de Vilaine : -10 %
Vannes : -8 %
Ille et Rance : -7 %
Émeraude : +7 %