L’engrenage

Le prix du blé a répondu immédiatement à la déclaration de guerre de Poutine. Depuis le 24 février, le marché fait l’objet d’une grande nervosité. Le prix de la précieuse céréale a pris 55 €/t en une semaine. Et ce n’est pas fini. Dans ce conflit qui oppose le dictateur à l’Ukraine, et plus largement à l’Occident, il y a une évidente géopolitique du blé. S’accaparer les terres fertiles du voisin ukrainien permettrait à la Russie de peser un tiers de la production mondiale. Détenir un tel stock de grain constitue un levier de puissance politique et économique considérable. En mettant la main sur Marioupol, la Russie s’octroie par ailleurs une clé de la logistique mondiale du blé. Ce port au sud du Donetsk, qui dispose d’un terminal d’exportation stratégique vers lequel converge un important réseau ferré, ouvre sur les voies du commerce maritime via le détroit de Kertch en Crimée. Mainmise sur le grain, mainmise sur les engrais. La Russie représente 16 % du commerce mondial des fertilisants. Après avoir presque triplé en 2021, le prix des engrais connaîtra très certainement une nouvelle poussée de fièvre. Avec des conséquences évidentes sur les rendements des cultures qui vont baisser. Tout cela à un moment où la sécurité alimentaire est fragilisée sur la planète du fait d’événements climatiques majeurs. L’allongement des délais de livraison imputable au conflit armé et l’augmentation concomitante du coût des assurances sur les transports de marchandise ne feront qu’accentuer les hausses de prix. Autant dire que tous les ingrédients sont réunis pour faire chauffer le prix du pain. Une situation qui, par ricochet, peut enflammer des mouvements de la faim, particulièrement dans les pays très dépendants des importations de céréales….

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