Produire de l’énergie grâce à de la méthanisation par voie solide

11514.hr - Illustration Produire de l’énergie grâce à de la méthanisation par voie solide
Les 4 silos de 250 m3 de capacité sont bâchés de façon hermétique une fois le fumier chargé afin de capter le biogaz produit.
Lorsque l’on parle de méthanisation on a tout de suite l’image de ces grands dômes en tête. Pourtant il existe d’autres moyens de transformer les déjections en énergie comme cet exemple en voie solide discontinue où le fumier stocké dans des silos fait tourner un moteur de 63 kW pour produire de l’électricité et de la chaleur.

[caption id= »attachment_64018″ align= »aligncenter » width= »720″]11515.hr Olivier Touzard, agriculteur et Alexandre Bougeant, directeur associé d’Enerpro Biogaz.[/caption]

Olivier Touzard et sa compagne Maryse Landemaine sont installés en production laitière sur la commune de Meurcé (72) en production laitière avec 65 à 70 vaches laitières sur 110 ha de SAU. « Dans un souci permanent de protection de l’environnement, je m’intéresse depuis 15 ans à la méthanisation. Je voulais rester en aire paillée et je me suis donc tourné vers un projet collectif dans un premier temps. Ce projet ne voyant pas le jour assez rapidement, avec Maryse nous avons décidé de nous lancer seuls dans cette aventure », explique l’éleveur. Après la visite d’une unité de méthanisation par voie solide discontinue en Vendée en 2018, il décide de développer ce procédé moins connu que la méthanisation par voie liquide sur son exploitation. Les travaux, commencés fin 2019, se sont étalés sur toute l’année 2020 pour une mise en service début 2021.

« J’ai investi 500 000 € dans ce projet, j’estime avoir économisé 100 000 € en effectuant une partie des travaux moi-même. » Alexandre Bougeant, directeur associé de la société Enerpro Biogaz, basée à Rennes, le concepteur et constructeur de cette unité de méthanisation précise : « Ce projet de méthanisation n’a bénéficié d’aucune aide financière. Le rendement énergétique n’atteint pas ce que demande l’Ademe car il n’y a pas assez de valorisation de chaleur. Il aurait donc dû réaliser un investissement supplémentaire pour développer un projet parallèle, une serre horticole ou un séchage de fourrage par exemple, pour valoriser la chaleur. »

[caption id= »attachment_64019″ align= »aligncenter » width= »720″]11516.hr Le couloir technique se situe entre les silos et la cuve de stockage de percolat. C’est le lieu opérationnel de pilotage et de surveillance du système.[/caption]

4 digesteurs de 250 m3

Le moteur de cogénération de marque Man fait 63 kW de puissance. Il est alimenté en biogaz par 4 silos de 28 m de long sur 5 m de large, qui sont chargés avec du fumier de bovins. « Nous avons donc 4 digesteurs d’une contenance totale de 1 000 m3 soit 250 m3 chacun. Au bout de ces silos, nous avons un couloir dans lequel nous avons accès à tout le matériel de gestion de l’installation. Derrière ce couloir il y a une cuve de stockage de percolat de 150 m3 », décrit Alexandre Bougeant. Ce percolat est fait avec la récupération des jus de la fumière. Il est chauffé avec la chaleur produite par le moteur de cogénération ce qui permet de conserver le dynamisme des bactéries méthanogènes. « C’est grâce à ce percolat que l’on conserve toute la biologie avec ce procédé de méthanisation. »

Un temps de séjour moyen de 35 jours

Le temps de séjour moyen est de 35 jours dans chaque silo. Tous les 9 à 12 jours, Olivier doit vider un silo et le recharger avec du fumier frais. Le temps de séjour est variable et évolutif selon la ration. « Je remplis le silo avec 220 m3 de fumier puis il est refermé hermétiquement. Chaque silo est isolé thermiquement et chauffé pour travailler à 37 °C en mésophile. Une partie de la chaleur produite par le moteur de cogénération sert à chauffer les 4 silos. Dès que la matière fraîche est dans le silo, je l’immerge avec du percolat pour accélérer le process. Les silos ont une forme en pente ce qui permet de récupérer le percolat par 2 caniveaux situés en dessous pour un retour dans la cuve de stockage », explique l’éleveur. L’unité de méthanisation traite chaque année près de 2 000 t de fumier, 300 à 500 t de déchets verts, les refus d’ensilage, autour de 10 t de déchets de céréales et quelques matières d’opportunité. L’utilisation du digestat solide comme fertilisant sur les cultures permet de réduire les achats d’engrais minéral tout en préservant une grande partie de la matière organique, qui est si importante pour la biodiversité du sol. Il n’y a plus d’odeur lors de l’épandage et pas de problèmes de voisinage liés au transport car il y a très peu de matière venant de l’extérieur.

Les productions agricoles ne sont pas aussi rentables et sécurisantes

Lors de l’étude économique, Olivier Touzard est parti sur 8 000 heures de fonctionnement moteur par an. Après 9 mois, le moteur a tourné 6 205 heures soit une base annuelle de 8 272 heures. « Pour une première année c’est une très bonne performance car Olivier découvre cette nouvelle production », commente Alexandre Bougeant. Pour 8 000 heures de fonctionnement par an, le chiffre d’affaires généré est de 90 000 €. En déduisant 50 000 € de remboursement d’emprunt et 10 000 € de coût de maintenance et d’assurances, il va rester 30 000 € chaque année de cette nouvelle activité. « En temps de travail c’est l’équivalent d’un quart-temps. J’ai un contrat d’achat de l’électricité garantit sur 20 ans. On ne trouve pas une production agricole aussi rentable et sécurisante », conclut l’éleveur. À ce rythme, cet investissement sera rentabilisé en moins de 6 ans et demi.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article