Les plantes bio-indicatrices donnent de précieux renseignements sur l’état d’un sol. Des agriculteurs se sont formés à la méthode développée par Gérard Ducerf, botaniste, qui se base sur l’observation des adventices.
« Dis-moi quelle flore spontanée pousse dans tes champs, je t’indiquerai mon diagnostic » pourrait se résumer la méthode mise au point par Gérard Ducerf. Ce botaniste français a étudié pendant plus de 10 ans les conditions de levée de dormance des graines, afin de comprendre pourquoi telle ou telle espèce se plaît dans un milieu. L’émergence de ces plantes bio-indicatrices donne « des informations chimiques, physiques et biologiques sur le sol », explique Colette Quatrevaux, conseillère en agriculture biologique à la Chambre d’agriculture.
Pas si mauvaises, les herbes
Lors d’un après-midi technique chez Éric Bastard à Trémel (22), la conseillère a appris à un groupe d’agriculteurs à utiliser cette méthode basée sur l’observation et qui découle sur un diagnostic.
Plutôt que le terme ‘mauvaises herbes’, Colette Quatrevaux préfère qualifier les adventices « d’indicateurs de l’équilibre de vie du sol ». Ces plantes informent sur le manque d’air, sur la fabrication de nitrites, sur le lessivage des minéraux ou encore sur la pollution d’un sol. Et leur développement n’est pas toujours néfaste pour la culture. Ainsi, le datura indique la présence d’éléments toxiques dans la terre ; mais l’adventice aura en même temps une action détoxifiante pour le sol. Le pissenlit est souvent associé à un sol tassé, mais son système racinaire pivotant a un effet structurant.
Si le chiendent peut indiquer une déstructuration par le labour, la capselle bourse-à-pasteur oriente vers des éventuels blocages de phosphore et de potassium. Le chénopode serait quant à lui synonyme d’un excès d’épandage de matière organique, avec une libération brutale d’azote. Toutefois, « le diagnostic ne se réalise jamais avec une seule plante observée, mais avec plusieurs », indique Colette Quatrevaux, c’est bien la somme d’indices qui compte pour arriver à une hypothèse.
La méthode « renforce l’autonomie du producteur dans sa prise de décision et d’intervention sur les cultures ». Éric Bastard estime que « nous avions déjà une petite idée de l’effet de ces adventices, mais sans connaître réellement la raison de leur présence. Il faut maintenant s’exercer, peut-être par petits groupes de 2 ou 3 pour avoir la méthode bien en main », conclut-il.