C’est la seconde fois en deux ans que la notion de souveraineté alimentaire revient au-dessus de la pile des préoccupations premières. Le Covid l’avait une première fois sortie des cartons poussiéreux d’une Europe à satiété soudainement inquiète de ne plus pouvoir remplir ses assiettes. L’attaque de l’Ukraine par le dictateur russe rappelle à l’évidence que la défense de valeurs démocratiques repose sur la triple arme alimentaire, énergétique et militaire. Une Europe incapable de s’autonourrir serait inévitablement une Europe affaiblie. Ce n’est pas le cas en 2022. Mais l’Union européenne semble s’être brusquement souvenue de cette évidence comme l’a déclaré le commissaire européen à l’agriculture, Janusz Wojciechowski, le 2 mars : « Nous allons revoir nos objectifs à l’aune de la sécurité alimentaire pour l’Europe ». Cette initiative a particulièrement séduit la FNSEA, vent debout contre la stratégie européenne « Farm to fork » (De la ferme à la fourchette) suspectée par le syndicat majoritaire de faire le lit de la décroissance agricole au travers d’une baisse de production de 10 à 30 % selon les secteurs. Un chiffrage que conteste le service scientifique interne de la Commission européenne qui parle « d’objectifs tout à fait réalisables ». Et de pointer le biais des modèles alarmistes qui ne tiennent pas compte de l’évaluation de l’impact de la transformation des systèmes alimentaires, pourtant au cœur de la stratégie « De la ferme à la fourchette ». Face à cette divergence de vues, un point devrait faire consensus : le système alimentaire doit être profondément durable. Car, comme l’a martelé le président du Giec, le 28 février, le dernier rapport sur le climat est « un terrible avertissement sur les conséquences de l’inaction. »…
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