Le groupement des agriculteurs bio du Finistère et le Crédit Mutuel de Bretagne s’associent pour lancer un nouveau dispositif d’accompagnement de l’installation. Les deux acteurs vont croiser leurs approches.
Première région agricole française, la Bretagne fait aujourd’hui face à un défi de taille. Plus de la moitié des exploitants agricoles y est âgée de plus de 50 ans. Ils sont même plus d’un tiers à avoir dépassé les 55 ans. Une pyramide des âges qui pose clairement la question du renouvellement des générations. Afin d’assurer celui-ci dans les meilleures conditions, il apparaît donc nécessaire de suivre au plus près l’installation des nouveaux agriculteurs.
« Depuis quelques années, les candidats à l’installation non issus du milieu agricole sont de plus en plus nombreux, note Daniel Quillévéré, animateur départemental pour le marché de l’agriculture au Crédit Mutuel de Bretagne. L’an passé, dans le Finistère, sur les 120 installations aidées, près de la moitié des jeunes n’étaient pas originaires du milieu agricole. Dans le cadre des installations non aidées, c’était même le cas de quasiment la totalité. Et nous avons remarqué que cela pouvait parfois se traduire par un manque d’anticipation de certaines problématiques susceptible d’engendrer des difficultés. D’où l’idée de renforcer le suivi ».
Des profils très divers
Constat similaire du côté du groupement des agriculteurs bio du Finistère. « Parmi les nouveaux profils qui s’installent, il y a une très grande variété de dossiers, analyse Jérôme Le Pape, chargé de mission auprès du Gab 29. Des projets dans des domaines pour lesquels nous n’avons pas toujours beaucoup de références, avec des marchés à construire… Nous avons donc voulu proposer un accompagnement plus fin ».
Habitués à travailler ensemble, le Gab 29 et le CMB ont choisi de s’appuyer sur la complémentarité de leurs compétences pour bâtir un programme complet à destination des candidats à l’installation. L’accompagnement démarre dès la construction du projet avec un double regard : une analyse technico-économique réalisée par un conseiller technique du Gab 29, une lecture financière du dossier effectuée par un conseiller du CMB. Ce temps de conseil est mis à profit pour aborder les choix techniques, les débouchés, le dimensionnement de l’outil, la question du temps de travail, la stratégie d’investissement, la viabilité économique… Et il intervient suffisamment en amont pour permettre de réorienter certains aspects si nécessaire. Le jeune installé peut ensuite bénéficier d’un accompagnement renforcé durant les premières années suivant son installation, afin d’identifier plus rapidement les éventuelles difficultés rencontrées et d’y remédier. « Nous proposons également une mise en réseau avec des agriculteurs et des agricultrices en place, complète François L’Haridon, éleveur à Lennon et président de la section finistérienne de la Caisse de Bretagne de Crédit Mutuel Agricole. Car c’est souvent un écueil pour les jeunes qui ne sont pas du milieu agricole. Là, ils auront également accès à un large choix de formations, seront invités à des temps collectifs – fermes ouvertes, groupes de travail thématiques… – avec d’autres professionnels ». De quoi faciliter leur insertion dans leur nouvel environnement.
Un partenariat qui a du sens
Signée la semaine passée, la convention entre les deux structures prévoit, en outre, d’aller à la rencontre du public des scolaires engagés dans la formation agricole. À l’instar de ce que pratique déjà le Gab 29 avec les visites d’exploitations de « La terre est notre futur métier », en parallèle du salon national de l’agriculture biologique organisé tous les deux ans à Retiers (35).
« Cette collaboration a du sens, souligne Nolwenn Virot, maraîcher à La Roche-Maurice et président du Gab 29. Le conseiller bancaire est le premier partenaire de l’exploitant, il faut établir avec lui une vraie relation de confiance, c’est ce qui permet d’échanger en toute transparence et d’anticiper les choses. À travers le partenariat noué avec le Crédit Mutuel de Bretagne, nous entendons contribuer au soutien à l’installation de nouveaux agriculteurs. C’est un enjeu majeur pour le maintien d’une agriculture performante et durable, créatrice d’emplois et de valeur ajoutée dans tous les territoires ! »
Jean-Yves Nicolas