Ignorée, voire réprouvée pendant des années, l’agriculture revient en grâce. Car l’Europe a peur de manquer. Sur ce terrain de la pénurie organisée, le monde soviétique sait faire, en effet. En 1932-1933, l’Holodomor a permis d’exterminer par la faim 5 millions d’Ukrainiens rétifs à la collectivisation des terres. Poutine adore se replonger dans les livres d’histoire… Il connaît le pouvoir de l’arme alimentaire. Il sait qu’en restreignant les exportations d’azote, ce sont les silos européens qu’il vide. Il sait qu’en mettant la main sur les terres fertiles d’Ukraine, il maîtriserait un tiers du commerce mondial des céréales. Il sait qu’en dominant les ports de la mer Noire, il contrôlerait le fret maritime par lequel transite 80 % du volume international du grain. Mais l’Europe a une chance. La chance de compter encore des agriculteurs. Des agriculteurs formés, techniquement performants, qui, pendant des décennies, contre vents et marées, ont tenu face aux crises à répétition, par passion et par conviction. Des agriculteurs qui ont toujours cru en leur mission nourricière. Aujourd’hui, en Bretagne, en Europe, ces agriculteurs sont les garants de l’autosuffisance alimentaire, socle de nos sociétés libres. Répétons-le : l’agriculture est vitale pour les citoyens européens. L’Union européenne semble subitement se le rappeler à sa mémoire. Comme si elle avait un temps oublié que toutes les révolutions sont nées d’un manque de blé et qu’elles ont été régulièrement matées en privant de blé les populations rebelles. La semaine dernière, les dirigeants européens réunis en Sommet à Versailles ont acquiescé à ces réalités. Ils ont demandé à la Commission de travailler sur la souveraineté alimentaire de l’Europe. Les prémices d’un futur « Plan Marshall » agricole pour 2023 ?…
Une chance