En choisissant une micro-méthanisation de 22 kW de puissance, Christian Le Foll reste sur un système pâturant pour conserver un coût alimentaire moyen de 80 €/1 000 litres.
« Cela fait 6 ans que j’ai en tête de me diversifier en créant une unité de méthanisation sur mon exploitation laitière de 150 vaches sur 162 ha de SAU. J’ai découvert la micro-méthanisation en Belgique lors d’un voyage d’étude organisé par la Chambre d’agriculture », raconte Christian Le Foll, éleveur à Guiclan (29). Au-delà de la production d’énergie, Christian voit dans la méthanisation un bon moyen de transformer son lisier en digestat qu’il peut ensuite valoriser sur ses pâtures. Le digestat est épandu avec un système d’enfouisseurs prioritairement sur les pâtures et le restant va au maïs. Un an après la mise en route de l’unité, l’éleveur est passé de 15 tonnes d’ammonitrate utilisé sur les cultures par an à 11 tonnes. « J’estime pouvoir encore réduire mon utilisation d’engrais minéral mais je vais le faire progressivement pour ne pas risquer d’impacter le rendement de mes cultures. »
Une installation de 22 kW
Christian Le Foll a opté pour une méthanisation de 22 kW de puisssance. « Normalement, on conseille d’installer 22 kW de puissance pour un troupeau de 100 laitières, 33 kW pour 150 et 44 kW pour un troupeau laitier de 170 à 200 vaches. Le dimensionnement se fait en fonction de l’alimentation, du niveau d’étable et si les animaux vont au pâturage ou pas », explique Loïc Fougère, responsable commercial chez Agripower qui a réalisé l’installation. Ce choix de sous-dimensionner l’installation est motivé par l’envie de maintenir un maximum de pâturage sur l’exploitation. « Je voulais rester à l’herbe pour maîtriser mon coût alimentaire qui se situe autour de 80 €/1 000 litres. »
[caption id= »attachment_64009″ align= »aligncenter » width= »720″] Les 2 moteurs de 11 kW sont placés dans le container placé juste à côté du digesteur.[/caption]
Un retour sur investissement en 6 à 7 ans
« L’investissement pour une micro-méthanisation de 22 kW est de 190 000 €. Si l’on ajoute les travaux, la préfosse, le raccordement au réseau électrique et l’enrobé, nous arrivons à 230 000 € », estime Loïc Fougère. Avec des taux relativement bas, l’éleveur a décidé de financer l’installation sur 12 ans pour pouvoir en dégager un revenu chaque année dès le démarrage. Sinon, selon le constructeur, le temps de retour sur investissement est entre 6 et 7 ans. « J’ai un contrat de rachat de l’électricité à 0,219 €/kWh produit sur 20 ans ou 140 000 heures de fonctionnement moteur. En choisissant de financer sur 12 ans je vais pouvoir dégager environ
10 000 € par an grâce à la micro-méthanisation. Le prix du lait n’étant pas assez élevé nous devons absolument trouver des solutions de diversification sur nos élevages », analyse Christian Le Foll. 70 unités similaires à celle-ci sont en fonctionnement sur le Grand Ouest. Selon le constructeur, 200 nouvelles installations seraient en projet.
Un temps de séjour de 20 à 25 jours
8 à 9 m3 de lisier incorporé chaque jour
Le digesteur est alimenté automatiquement en lisier 2 fois par jour. En hiver lorsque les vaches restent en bâtiment c’est 4,5 m3 le matin et la même quantité le soir. Le reste de l’année c’est 4 m3 matin et soir. L’éleveur estime le temps de travail quotidien à 10 minutes. « C’est surtout de la surveillance et cela peut se faire à distance sur le téléphone portable. Les 2 moteurs sont à vidanger toutes les 6 semaines et l’opération prends une vingtaine de minutes. »