L’État français, l’Europe, se comportent avec leurs citoyens un peu comme des parents gâteau avec des enfants gâtés. Il faut surtout que les protégés ne manquent de rien. C’est pourquoi, plutôt que d’imposer une baisse de température de 1 °C dans les logements, mesure qui permettrait de réduire la consommation énergétique de 10 % et aider à passer à un embargo au moins partiel sur le gaz russe, les pouvoirs publics ont fait le choix de l’accompagnement économique en distribuant de l’argent aux ménages. Même scénario avec l’aide de 18 ct/L aux carburants alors qu’il suffit de rouler 9 % de moins pour ne pas dépenser plus et, par ricochet, assécher un peu plus Poutine. Tous ces artifices publics renforcent l’illusion que l’on peut vivre hors-le-monde alors que la guerre est à nos portes. Comme s’il était inenvisageable pour un Européen de modérer un tant soit peu sa consommation. Tout cela a un côté paradoxal au regard des valeurs que l’Occident prétend défendre. Ce que les Européens sont incapables de faire avec l’énergie le seraient-ils capables avec l’alimentation ? Dans les pays où l’alimentation représente 50 % à 80 % du revenu d’un ménage, les États ne disposent pas de moyens financiers suffisants pour soutenir le pouvoir d’achat comparativement aux pays riches où l’alimentation ne représente que 15 % du revenu. Le principal levier pour les pays dépendants des importations est la baisse du prix des grains. À condition de pouvoir s’approvisionner… et de payer. Pour l’heure, l’Europe n’a pas l’intention de consacrer une partie des stocks destinés aux animaux d’élevage pour nourrir les populations africaines. Pourtant, une barge de 50 000 t, suffisante pour nourrir 1,2 million de personnes pendant un mois, ne priverait chaque Européen que de 40 g de viande… soit une chipolata, un demi-steak haché ou un nugget par mois….
Des valeurs aux actes