L’autorisation d’exploiter les surfaces d’intérêt écologique (SIE) par la Commission européenne a suscité un débat très animé, le 24 mars, chez les eurodéputés. Le commissaire européen en charge de l’agriculture évoque une surface de 4 millions d’hectares en Europe susceptibles d’être remise dans le circuit de production. Un chiffre difficile à vérifier… En France, les SIE représentent 8,8 % de la SAU et les jachères 25 % de ce total, c’est-à-dire 2 % de la surface agricole. Soit quelque 500 à 600 000 ha, dont seulement la moitié seulement serait susceptible d’être emblavée en cultures. Pour la bonne raison que les agriculteurs ne mettent pas en jachère les meilleures terres de leur exploitation ! Quand on évoque la remise en culture des jachères, on parle donc potentiellement de 250 à 300 000 ha. En comparaison, cela représente la moitié moins que les surfaces actuellement consacrées à la production d’agrocarburants et de biogaz. Si dans le contexte économique actuel, il est évident qu’il faut remettre ponctuellement les jachères en culture, on reste néanmoins sur des petits volumes sur le plan macroéconomique : l’équivalent en France de 2 millions de tonnes de blé, soit de quoi remplir… 40 vraquiers des mers. En tout cas, rien de comparable avec la prévision de baisse de production de 50 % envisagée par le ministère de l’Agriculture ukrainien pour 2022 : -38 millions de tonnes (750 vraquiers). On l’oublie souvent : le premier levier pour lutter contre la pénurie est la chasse au gaspillage alimentaire. Aujourd’hui, un tiers de l’alimentation produite sur la planète est détruit. Pour un producteur laitier breton qui produit 300 000 L de lait, cela signifie que 100 000 L vont à la fosse. Que sur 13 000 choux-fleurs produits par hectare 4 000 vont au fumier, etc. Indécence et irresponsabilité de l’humain……
Faux débat