La « souveraineté », terme absent des programmes agricoles de 2017, apparaît à la faveur des crises Covid et de la guerre en Ukraine et semble recouvrir des propositions jusqu’ici défendues au nom de la « compétitivité ».
Deux thèmes ont surgi depuis la dernière campagne de 2017 : d’abord, celui de la réciprocité environnementale dans les échanges commerciaux (clauses miroir), qui fait consensus chez les 2 candidats de LREM et du RN. Et porté par les effets conjugués de la crise Covid et de la guerre en Ukraine, le concept de la « souveraineté », agricole ou alimentaire, a fleuri dans les programmes. Les candidats exigent ainsi des adaptations depuis 2 mois de la stratégie européenne de la Ferme à la table, qui fixe des objectifs de réduction d’usage des engrais et des pesticides, « et qui menace gravement la souveraineté alimentaire de l’UE », estime Marine Le Pen. Emmanuel Macron met plutôt en avant la préservation, voire le renforcement, de l’outil de production agricole ; l’une des trois parties de son programme est d’ailleurs intitulée « investir massivement pour l’indépendance agricole, industrielle et créative ».
De l’approche revenu à l’installation
En ce qui concerne le revenu des agriculteurs et les relations commerciales, l’extrême droite cible la responsabilité particulière de la grande distribution : Marine Le Pen veut « mettre fin aux marges abusives de la grande distribution » et « modifier » les dispositifs Égalim, pour « permettre l’intervention de l’État dans l’élaboration des indices utilisés pour fixer des prix minimums tenant compte des variations des prix des matières premières agricoles ». Du côté de LREM, les outils de régulation seraient « déjà en place », et à la question de la rémunération doit succéder celle de l’installation comme priorité de l’action publique, alors que la gestion des aides à l’installation a été confiée pour la prochaine programmation aux Régions par le gouvernement sortant… Emmanuel Macron veut lancer une « loi d’orientation agricole », qui permette de « renforcer l’action sur le renouvellement des générations ». Sans en dévoiler le contenu. Si Marine Le Pen ne propose pas de mesure dédiée, elle estime que « la revalorisation des prix payés aux producteurs sera toutefois la seule manière efficace de rendre le métier vraiment attractif ».
De l’alimentation de qualité pour tous
Le « chèque alimentation », mesure déjà annoncée par le candidat Emmanuel Macron en 2021, destinée à permettre aux plus modestes d’avoir accès à des produits alimentaires français de qualité, sera mis en place « après l’élection », « sous condition de ressources ». De son côté, Marine Le Pen propose une baisse de TVA sur une centaine de produits de première nécessité.