Libérer les paroles en agriculture

11840.hr - Illustration Libérer les paroles en agriculture
La médiation par les arts permet de « déposer ses tensions et de retrouver confiance et créativité ».
L’association Paroles en agriculture propose aux agricultrices et agriculteurs de s’extraire du rythme du quotidien pour un temps de pause afin de prendre du recul et de se retrouver. 

Elles sont toutes trois liées au monde agricole de près ou de loin. Après un BTS Productions animales, Anne Marquant a commencé sa carrière professionnelle dans la filière porcine comme salariée en maternité avant d’évoluer comme technicienne en alimentation animale puis d’ouvrir un magasin alimentaire en circuits courts à Quimper. Aujourd’hui, elle a bifurqué et œuvre près de Rennes dans l’univers de la réflexologie plantaire autour du concept « dénouer pour se recréer ». Agronome de formation, Fabienne Cottret a travaillé pendant des années dans la filière agroalimentaire puis comme responsable de la filière bovine à Interbev. Depuis 2016, elle met son énergie de coach aux services des entreprises du secteur agricole et para-agricole à travers l’accompagnement collaboratif et la facilitation de projets faisant réfléchir les dirigeants et leurs équipes sur « le corps social » et la manière « de s’aligner vers le bien commun ». Enfin, Nadine Herbelin dont le mari est éleveur a été conseillère agricole, journaliste en presse spécialisée puis directrice du Ceta 35 avant de se lancer comme facilitatrice en entreprises et médiatrice d’ateliers d’expression par les arts auprès de personnes en situation de vulnérabilité pour travailler « le lien, la reprise de confiance en soi et la créativité ».

[caption id= »attachment_65200″ align= »aligncenter » width= »720″]11842.hr En petit groupe, la confiance s’installe rapidement
pour partager en se parlant et en s’écoutant.[/caption]

« Dans le rythme du faire toujours plus »

Suite à leur rencontre, les trois femmes ont créé récemment l’association « Paroles en agriculture ». Soulignant un « monde passionnant fait de personnes passionnées et attachantes », elles font un constat commun. « Dans nos régions de l’Ouest, le quotidien notamment en élevage rime parfois, peut-être même souvent, avec charge de travail élevée, dépendance aux acteurs économiques externes, pression financière, stress et surcharge mentale, difficultés de recrutement et de gestion de la main-d’œuvre, voire conflits entre associés… », détaille Nadine Herbelin. L’agricultrice ou l’agriculteur sont dans les mêmes difficultés que tout dirigeant d’entreprise, reprend Anne Marquant. « Ils sont pris dans un rythme, celui du faire, du faire toujours plus… Ne s’autorisant jamais ou trop rarement le droit de s’arrêter, de lâcher prise. »

[caption id= »attachment_65202″ align= »aligncenter » width= »720″]11841.hr Nadine Herbelin, Anne Marquant et Fabienne Cottret, animatrices enthousiastes des parcours « Paroles en agriculture ».[/caption]

Au-delà de ce regard bienveillant, le trio partage la même envie, celle d’offrir un espace-temps pour libérer les corps et les émotions, ouvrir le dialogue et délier les langues… Si des structures existent pour accompagner les personnes en grandes difficultés (MSA, Chambre d’agriculture, associations spécialisées…), Paroles en agriculture veut positionner son action en amont. Son dispositif prend la forme d’un cycle de quatre rencontres toutes les trois semaines courant sur trois mois. Le temps de laisser le temps faire son œuvre. Les rendez-vous se font en petit groupe fermé de six personnes, non mixtes (femmes et hommes séparés), « pour oser s’entreprendre ».

Plus facile avec des gens du même réseau

« Se laisser aller à soi, à l’autre, apparaît au départ comme se jeter dans le vide », confiait une participante en mars à l’heure de conclure le tout premier parcours. Mais sur ce chemin, les trois accompagnatrices balisent, rassurent, encouragent, montrent la voie… Chacune leur tour, à travers des ateliers de pratique qui sortent du quotidien (cercles de paroles, médiation artistique, écriture, exercices corporels, relaxation guidée, pratique de respiration et de méditation…), elles ouvrent l’appétit créatif et les champs du sensible. « Finalement, en petit comité et avec des personnes appartenant au même réseau professionnel, comme dans une bulle, tout est simple et fluide dès les premiers instants. À l’arrivée, j’ai été agréablement surprise de découvrir autant de nouveaux concepts et techniques en 2 heures chrono », racontait cette éleveuse bretonne ravie d’avoir pris le temps de sortir de l’exploitation et des sentiers battus. « C’est l’occasion de se questionner, de créer, de s’écouter, de s’alléger et de franchir des obstacles grâce à la force du groupe. De retour à la ferme, je réutilise assez régulièrement certaines méthodes expérimentées pendant les séances. » Toutes arrivées sur la pointe des pieds, les participantes de cette première promotion en sont ressorties « libérées, regonflées, grandies… ». Pari gagné donc pour les trois organisatrices qui veulent contribuer à voir des gens « heureux » évoluer dans le paysage agricole. Dans ce monde de taiseux empreints de pudeur, « pour poursuivre leur engagement à cultiver le vivant, il est temps que les agricultrices et les agriculteurs se ménagent des lieux et s’aménagent des moments pour cultiver leur propre vivant intérieur », termine Fabienne Cottret.

Premier groupe d’hommes en mai

Les trois organisatrices de « Paroles en agriculture » proposent de mettre en place des sessions dans différents secteurs sur demande. En attendant, le prochain parcours démarre bientôt à Corps-Nuds (35), les rendez-vous sont fixés aux lundis 9 et 30 mai, 20 juin et 11 juillet. Il concernera un groupe de 6 hommes (10 h 30 – 12 h 30) et un groupe de 6 femmes (13 h 45 à 15 h 45). Informations et inscription : 06 95 25 85 38 ou 06 40 27 14 81 ou en scannant le QR code


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