Le lycée de la Baie du Mont-Saint-Michel expérimente le renforcement de la santé du cheptel laitier par l’enrichissement de la flore de l’espace pâturé. Vivaces aromatiques et bandes prairiales viennent compléter les haies bocagères existantes.
Et si les vaches allaient elles-mêmes prélever des plantes dans leur environnement pour améliorer leur santé, selon leurs besoins du moment ? Cette pratique est expérimentée depuis 2020 sur la ferme du lycée agricole de la Baie du Mont-Saint-Michel, située à Lapenty (Manche). « Nous avons implanté des bandes de vivaces aromatiques (thym, romarin, sarriette, menthe, mélisse, tanaisie…) sous les clôtures des paddocks des vaches : 800 m linéaires en tout. À côté, des bandes de plantes prairiales sur une largeur de 2,5 m ont été semées dans la parcelle de pâturage : chicorée, pimprenelle, plantain, lotier, luzerne… », détaille Amandine Bedin, enseignante au lycée. Sinon, les parcelles de pâturage sont en RGA – trèfle blanc.
Les élèves à l’observation
« L’objectif est d’observer le comportement alimentaire des vaches par rapport à ces plantes dans un premier temps et ensuite de faire le lien avec d’éventuels problèmes sanitaires. » Sur ce printemps, des séquences d’observation par les élèves en bac pro ont été mises en place et seront renouvelées à l’automne. Déjà, des premiers constats ressortent : « Nous avons remarqué que les vaches commençaient par consommer la bande de ‘prairie-pharmacie’ le matin à leur sortie. Elles se tournaient vers la haie de vivaces plutôt l’après-midi », souligne Amandine Bedin. « Le framboisier fait partie des plantes très consommées. Il pourrait y avoir un lien avec les problèmes de fertilité sur l’élevage. La menthe qui favorise la digestion a aussi été beaucoup prélevée. La tanaisie qui aide à lutter contre les parasites a par contre peu attiré les vaches. »
Pas de fertilisation
Menée en partenariat avec Pauline Woehrlé, d’Eilyps, cette expérimentation pourrait être reproduite dans des exploitations classiques mais une précaution est à prendre : « Il ne faut pas fertiliser ces espaces de plantes santé. Elles doivent pousser naturellement pour concentrer davantage d’éléments actifs. » À noter que la présence des nouvelles plantes a eu un impact sur le miel fabriqué dans le rucher-école situé sur la ferme (géré par une association extérieure). « Les abeilles ont pu bénéficier des floraisons étalées des plantes. Selon les apiculteurs, la texture et le parfum du miel ont complètement changé. »