Des producteurs de légumes seront payés en s’engageant dans une démarche vertueuse qui consiste à limiter l’érosion des sols et à supprimer l’usage d’herbicide. Ce service servira les populations, grâce à une qualité de l’eau préservée.
La conduite des cultures légumières de 51 exploitations situées sur 3 collectivités espère faire tache d’huile à l’avenir : une partie des choux, des potimarrons des artichauts ou encore de salades ou de pommes de terre ne recevront plus d’herbicides pour la maîtrise des adventices. Mieux, l’utilisation d’efface-traces aura pour objectif de limiter l’érosion intra-parcellaire ; les champs identifiés en risque fort d’érosion et de transfert seront réaménagés avec création de talus si besoin.
Ces 3 actions écologiques entrent dans un Paiement pour services environnementaux (PSE). C’est le fruit de l’étroite collaboration entre la Chambre d’agriculture, le syndicat mixte de l’Horn (29), Morlaix communauté (29) et Lannion Trégor communauté. Quatre bassins versants spécifiques ont été sélectionnés (BV du ruisseau de Plouénan, du Pontplaincoat, du Lapic et du Lizildry) pour une phase expérimentale d’une durée de 5 ans, le financement est assuré par l’Agence de l’eau Loire-Bretagne.
Chez Stéphane Gourvil, les choux-fleurs ne reçoivent déjà plus d’herbicide. Le producteur de Lanmeur (29) va participer à ce PSE : « J’observais mon voisin en agriculture biologique qui arrivait à cultiver ses artichauts tout en maintenant ses parcelles propres ».
Financer la herse étrille
Le Finistérien a investi dans une herse étrille pour ses opérations de désherbage mécanique. En combinant les paiements pour non-utilisation d’herbicide, les actions anti-érosion et l’aménagement paysager des parcelles à risque fort, Stéphane Gourvil touchera un montant « qui financera l’achat de cette herse étrille », décrit-il. Déjà équipé d’un efface-traces pour gommer le passage des roues du tracteur, le fond de butte des choux-fleurs sera également cassé au moment du buttage pour ameublir le sol et ainsi supprimer les chemins d’érosion.
En s’engageant dans le PSE, le producteur « choisit sa trajectoire prévisionnelle : il peut bénéficier soit d’un paiement dit ‘Transition/Création’ (quand l’action est nouvelle sur la parcelle), soit ‘Maintien’ (quand c’est une poursuite des pratiques) », selon Armel Gentien, chargé de mission sur le BV de l’Horn. À titre d’exemple, en supprimant l’herbicide sur un champ en ‘Transition/Création’, les producteurs seront rémunérés à hauteur de 208 €/ha, et de 52 € en atténuant l’érosion. Ces montants passent respectivement à 116 €/ha et 29 €/ha dans le dispositif ‘Maintien’.