À Saint-Carné (22), Thierry Houel teste pour la première fois le désherbage mécanique sur maïs. Financée par Dinan Agglomération, cette technique vise notamment à réduire le transfert des herbicides dans les eaux de surface.
« J’ai semé mon maïs mardi 10 mai en fin de journée, à 6 cm de profondeur après un faux semis et un labour », introduit Thierry Houel, éleveur de vaches laitières et de porcs Label Rouge à Saint-Carné (22). Dans la parcelle de 5 ha, la terre est nivelée, sans mottes. Tout est prêt pour le tout premier passage de herse étrille. L’agriculteur teste en effet pour la première fois le désherbage mécanique du maïs sur son exploitation. « Dans plusieurs retenues d’eau de Dinan Agglomération, on retrouve des métabolites de S-métolachlore, matière active contenue dans les herbicides de pré et post-levée », explique Carla Beauvais, conseillère agronomie à la Chambre d’agriculture de Bretagne (Crab). La présence de cette molécule implique des coûts élevés de traitement de l’eau brute pour la rendre potable. Ainsi, Dinan Agglomération finance pour la campagne 2022 une opération de désherbage mécanique sur son territoire. Trois passages d’outils par exploitation et le conseil technique de la Crab sont pris en charge dans la limite de 5 ha. Dans le secteur, 13 agriculteurs se sont engagés. Dix d’entre eux n’ont jamais essayé le désherbage mécanique. « Cet accompagnement financier et technique m’a rassuré avant de me lancer. L’objectif est de mener un itinéraire 100 % mécanique sur cette parcelle. Si je suis convaincu, j’engagerai plus de surface l’année prochaine », confie Thierry Houel. « Maintenant, la balle est dans notre camp. Chacun doit s’y mettre pour montrer que le désherbage mécanique peut fonctionner ».
Intervenir au stade filament
« La herse étrille se passe à l’aveugle quatre à cinq jours après le semis », annonce David Bouvier, conseiller agronomie à la Crab. « L’idée est d’intervenir quand le maïs a bien germé et qu’on trouve dans le sol des adventices au stade filament ». Lors du passage, l’outil extrait ces filaments et les place à la surface du sol. À ce stade, deux heures de soleil suffisent à les dessécher. Avec des conditions météo optimales, un deuxième passage de herse étrille pourra être réalisé sur la parcelle de Thierry Houet vers 2-3 feuilles avant de terminer par un binage à 6-7 feuilles. « Le deuxième passage de herse étrille permettra d’extirper les filaments que le premier n’a pas pu avoir », précise Carla Beauvais.
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« Sortir le pulvérisateur n’est pas un plaisir »
Dans son itinéraire technique classique, Thierry Houel désherbe chimiquement en un seul passage, pour un coût à l’hectare d’environ 55 €. « Les passages mécaniques sont un peu plus chers », note l’éleveur. « Pour ma part, je fais intervenir une ETA pour passer la herse étrille et la bineuse 8 rangs. De plus, mon semoir est en 4 rangs. L’entreprise est donc également intervenue pour semer le maïs en 8 rangs sur cette parcelle ». En moyenne, les chiffres de la Crab estiment une différence de 30 €/ha entre un itinéraire 100 % chimique et 100 % mécanique. « Malgré tout, sortir le pulvérisateur n’est pas un plaisir », nuance le Costarmoricain. « De plus, il peut aussi y avoir des ratés en chimique ! J’ai déjà eu des chénopodes plus hauts que le maïs dans une pointe d’une parcelle suite à un souci de désherbage ».