Au Gaec de la ferme de l’Hotié, à Paimpont, lauréat du prix de l’agroforesterie du Grand Bassin de l’Oust, les haies apportent une plus-value économique.
« J’aurais préféré perdre le concours », plaisante Laurent Hignet. « Cela voudrait dire que d’autres font mieux et que beaucoup d’agriculteurs vont dans le bon sens ». Le bon sens, pour l’éleveur, qui travaille en Gaec avec sa compagne Sandrine, en charge de la transformation du lait, c’est celui d’une agriculture qui ferait la part belle à l’agroforesterie qu’il développe sur sa ferme d’une trentaine d’hectares. Les éleveurs et leur salarié à temps plein produisent et transforment la production d’une soixantaine de chèvres. Ils produisent également du jus de pomme et commercialisent les veaux d’un troupeau de dix vaches allaitantes de race Pie Noir Bretonne, croisées normandes. Ces veaux sont vendus vers 4 à 6 mois.
Toute la ferme en herbe
Le Gaec est équipé pour développer un système de production herbager : faucheuse, autochargeuse, faneuse, andaineuse. « La qualité des terres et les sangliers ont eu raison des mélanges céréaliers ». Les chèvres pâturent les parcelles accessibles. « J’ai abandonné les paddocks il y a 3 ans. Elles ont un accès libre à des îlots de 5 hectares où l’herbe reste à 15 cm de hauteur environ. C’est un gain de temps et une prévention contre les parasites du sol ». Une partie de la ration est constituée, selon la saison, d’herbe fraîche, distribuée à l’auge. Certaines parcelles sont fauchées pour faire du foin.
Apports directs et indirects des haies
Les haies prennent de plus en plus de place sur la ferme. Certaines, bocagères, protègent les bâtiments et assurent un complément alimentaire pour les chèvres (tanins). « Ce sont les animaux qui les entretiennent, avec deux à trois fils pour les préserver ». Les éleveurs implantent aussi des haies de pommiers greffés dans les parcelles. « Je laisse une petite quarantaine de mètres entre les rangs de plants car la faneuse fait 9 mètres de largeur (4 passages). Dans les bouts, je laisse également de la place pour manœuvrer avec les outils ». Dans les rangs, entre les pommiers plantés à une dizaine de mètres de distance, protégés par des fils de chaque côté, Laurent Hinet laisse « faire la nature ». « Les haies ont plusieurs vertus : elles font de l’ombre aux animaux, elles constituent des filtres à air contre les maladies, elles sont un garde-manger pour les insectes pollinisateurs et un espace de biodiversité ». Elles apportent aussi une contribution économique directe via la commercialisation des jus de pommes, de la sève de bouleau printanière et du bois de chauffage généré par leur entretien.
Ventes en ligne
Toute la production de la ferme est vendue en direct : au marché des Lices de Rennes, dans quelques magasins du secteur (Champ commun à Augan), et en ligne via Clic ta Berouette. Le chiffre d’affaires annuel atteint 140 000 €. « Pour faire vivre 3 personnes sur une telle exploitation, mon objectif est de diversifier les productions et de valoriser au mieux chaque ressource y compris les arbres », conclut l’éleveur.
Répondre au développement de la demande locale en bois énergie
Concours sur les pratiques agroforestières
Les pratiques agroforestières ont intégré le Concours général agricole en 2019. Le Syndicat mixte du Grand bassin de l’Oust et la Chambre régionale d’agriculture se sont associés pour organiser une section locale de ce concours. Les agriculteurs du territoire ayant une démarche agroforestière peuvent remplir un dossier de candidature avant le 31 mai 2022 en prenant contact avec les organisateurs du concours. Toutes les démarches qui visent à intégrer l’arbre avec les autres productions agricoles sont valorisées : haies bocagères, pré-verger, alignements d’arbres intra-parcellaires, ripisylves… Le lauréat sera directement sélectionné pour le concours national, avec remise des premiers prix au Salon de l’agriculture 2023. Contacts : Syndicat mixte du GBO, Greneux Laurent : laurent.greneux@grandbassindeloust.fr ou 06 26 55 04 70