Plus de doute. Le loup y est. Les éleveurs de moutons s’inquiètent de son arrivée en Bretagne. Il sera plus difficile de gérer le loup que les chiens errants.
Deux actualités se sont télescopées la semaine dernière dans le Finistère. D’un côté, des chiens errants ont tué une cinquantaine d’animaux dans les Monts d’Arrée. De l’autre, un loup piégé par une caméra à Berrien a fait sensation. Éleveur de moutons à Dinéault (29), Patrick Sastre, dont le troupeau a été victime des meutes en furie, estime qu’il sera plus facile « de neutraliser » les chiens que les loups quand ils s’implanteront en Bretagne. « On a réussi avec les élus locaux à organiser une réunion en sous-préfecture. Il va y avoir des séances de piégeage ».
Pour le loup, les choses s’annoncent, selon lui, plus compliquées. Il s’agit en effet d’une espèce protégée par la convention de Berne, avec une nuance : les hybrides ne sont pas concernés. Sur cet aspect, qu’en est-il du « loup » de Berrien ? Laissons cette question aux spécialistes… Pour l’éleveur finistérien, le « problème » s’avère bien plus complexe qu’une simple affaire de juridiction. Il estime que le dossier de gestion du loup est volontairement brouillé par des « ensauvagistes porteurs d’une certaine idéologie », voire qui mènent « une lutte culturelle » ; les loups seraient aussi des marqueurs de bon état de la biodiversité et d’un bon état écologique de l’espace où ils s’installent.
Sauf qu’un loup protégé ne craint plus l’homme… et encore moins le bétail domestique. Alors pourquoi cet opportuniste quitterait-il la Bretagne s’interroge Patrick Sastre, convaincu « que le loup ne repartira pas contrairement à ce que dit l’Office français de la biodiversité. Dans trois-quatre ans, des meutes vont s’installer en Bretagne ». Et l’éleveur de moutons des Monts d’Arrée d’alerter : « La bête s’attaque aussi aux vaches notamment au moment du vêlage. Il tue des jeunes bovins, des poulains. En France, on dénombre 13 000 animaux tués par le loup chaque année ».