Les reportages et articles sur une possible pénurie alimentaire mondiale fleurissent en ce printemps 2022, alimentant une psychose qui ne fait que renforcer l’inflation. Or la guerre à l’est de l’Europe, tout comme la spéculation sur les grains, sont loin d’être les meilleures explications à l’envolée des indices de la FAO. Ces derniers caracolent à des sommets historiques sur tous les segments (viande, lait, céréales, huiles). Le plus gros réacteur à alimenter cette mise en orbite des prix alimentaires est bien le secteur des huiles (indice à 252 en mars) et cela ne date pas de l’inaccessibilité de l’huile de tournesol ukrainienne. La hausse est exponentielle depuis avril 2020, date à laquelle les prix étaient particulièrement bas (indice FAO à 80). Les facteurs qui ont attisé le brasier Le manque de main-d’œuvre (lié au Covid) dans les palmeraies de Malaisie et d’Indonésie, a mis le feu aux poudres via l’huile de palme. Puis la sécheresse au Canada nous a privés d’une part importante de l’approvisionnement mondial en colza et alimenté la flambée. Le recul de la production de soja dans les trois pays exportateurs en 21/22, pour des raisons climatiques, a attisé un peu plus le brasier. Nous avons donc surtout souffert d’un problème d’offre, alors même que la demande s’ajustait à la baisse (notamment dans le secteur des biocarburants pendant la crise sanitaire). Mais le prix du baril de pétrole ne cesse de progresser lui aussi de façon presque continue depuis avril 2020. Le cercle est devenu vicieux avec une offre d’huiles végétales actuellement insuffisante sur le marché mondial face à une demande en biocarburants qui caracole désormais. Si spéculation il y a, c’est avant tout sur le pétrole et les contrats des huiles de palme et de soja sur les marchés à terme. Car en ce qui concerne les grains,…
Pénuries alimentaires, ne nous trompons pas de débat !