Les campagnes attirent de nouveaux habitants, pas forcément à l’aise sur les questions agricoles. C’est pourquoi l’assemblée générale des anciens exploitants de la FDSEA s’est penchée sur les bouleversements observés au quotidien, en apportant des pistes de réponse.
D’un côté, la Bretagne a perdu depuis 10 ans 5 agriculteurs tous les 2 jours. De l’autre, la commune de Guilers est passée de 1 500 habitants il y a 50 ans à 8 500 âmes aujourd’hui… « Ce ne sont pas les enfants de la ruralité qui ont fait cette différence de population, ce sont des gens qui sont venus vivre en milieu rural », selon Pierre Ogor, maire de cette commune. À l’occasion de l’assemblée générale du Syndicat départemental des anciens exploitants du Finistère qui s’est tenue à Plabennec, la campagne au sens large s’est invitée à la table des discussions. « La ruralité, c’est la campagne et le bourg ; c’est un art de vivre à comparer à l’urbanité », définit Didier Le Du, directeur de Paysan Breton, chargé d’animer les débats. Les choses ont changé et s’accélèrent encore. « 35 % des Français vivent en milieu rural, 92 % de la population aimerait y résider et trouverait agréable d’y vivre », chiffre Jean-Alain Divanac’h, président de la FDSEA. Le « néo-rural » inquiète, questionne, agace… « On doit temporiser, le rapport de force est désormais différent. Avant, chaque agriculteur était investi dans la commune. Puis, le nez dans le guidon, il n’a pas vu les choses se développer », observe Pierre Ogor.
Le bruit, l’odeur… et la poussière
Le son des cloches et des tracteurs, l’odeur du fumier et les routes parfois souillées par de la terre amènent à des tensions… Pourtant, le milieu rural ne se résume pas seulement à ces faits. « Bien vivre, c’est vivre avec les autres. Et vivre, c’est déjà vieillir », déclare Jo Mingan, secrétaire général du SDAE 29. Plus que jamais, il faut savoir communiquer avec l’entourage. C’est ce que réussit à faire Dominique Gautier, présidente d’Agriculteurs de Bretagne, et éleveuse de porcs à Trévérec (22). « Il faut cultiver son voisinage. En 2000, nous avons convié les voisins et les élus à venir voir notre 1re station de traitement. Par la suite, les portes de la ferme se sont ouvertes l’été, avec 600 personnes présentes sur une journée : il y a une vraie demande ».
Être fier de son histoire
« Les paysans sont toujours les oubliés de l’histoire, mon travail consiste à ce qu’ils se réapproprient ce passé collectif. Dans les années 60, le mot développement n’était pas un gros mot, les techniciens de la Chambre d’agriculture étaient nommés agents de développement », rappelle Pierrick Mellouet. L’historien-écrivain a collecté les dires de paysans, qui « assument ce qu’ils ont fait, leur faire procès est injuste : l’agriculture bretonne est et a été le moteur de l’économie, on a tendance à l’oublier », conclut-il.