André et Daniel, deux frères associés au sein du Gaec Périnières Messager, ont installé une lagune en 2012 sur leur exploitation. Depuis dix ans, ils irriguent leurs 6 ha d’aires de cultures en toute autonomie.
« La création d’une lagune était une étape obligatoire pour agrandir la pépinière », affirme André, l’un des deux frères associés du Gaec Pépinières Messager. Installés depuis 30 ans, les associés produisent, avec l’aide d’une dizaine de salariés, des arbres fruitiers, ornements, arbustes et plants de haie sur 6 ha hors sol irrigués et 5 ha plein champ non irrigués. En 2012, quand ils décident d’augmenter de 2 ha la surface de production hors-sol, ils savent que l’eau manquera. « Nous avions déjà une réserve de 5 000 m3 et un forage, mais cela n’aurait pas suffi. Or, les autres forages que nous avons réalisés n’ont pas été satisfaisants », raconte le producteur. La décision est donc prise de mettre en place une grande réserve lagunaire.
[caption id= »attachment_66585″ align= »aligncenter » width= »720″] La lagune de 14 200 m3 a été construite sur-mesure en 2012.
Elle est utilisée pour irriguer les 6 ha de cultures hors-sol.[/caption]
Gestion de l’eau à circuit fermé
Le dénivelé important de l’exploitation est un atout pour le projet. « Toutes les aires de cultures sont drainées. La lagune récupère ces eaux, ainsi que les eaux pluviales qui tombent sur les bâtiments et les serres de la pépinière », explique le producteur. D’abord, un bassin d’orage de 1 400 m3 recueille le précieux liquide jusqu’à atteindre sa capacité de remplissage. Il filtre et décante l’eau qui se déverse ensuite dans la lagune. D’un volume de 14 200 m3, elle dispose de 10 700 m3 utiles, la différence étant une garde obligatoire en cas d’orage. En périodes d’irrigation, l’eau est pompée et ramenée dans la réserve dédiée, près des cultures. « Le gros atout, c’est la visibilité que nous avons sur la quantité d’eau disponible. Ce n’est pas le cas quand une pépinière dépend d’un forage », s’enthousiasme André Messager. « Grâce à la lagune, nous sommes autonomes dans la gestion de l’eau depuis dix ans. Par ailleurs, les apports d’azote pour les plantes restent sur la pépinière, et ne sont pas rejetés dans la rivière. Nous fonctionnons en circuit fermé ».
Une bâche sur mesure
« La bâche a été fabriquée sur mesure pour s’adapter au bassin. Les panneaux sont prédécoupés en usine et sont soudés sur place, après validation du terrassement par le technicien », explique Pierre Leroy, technicien au Cultivert de Ploudaniel. « La géomembrane PVC P 10/10 (1 mm d’épaisseur), certifiée asqual, bénéficie d’une garantie décennale. En dessous, on pose une protection géotextile anti-poinçonnante. » Si son installation dure à peine deux jours, il ne faut pas négliger le temps à consacrer en amont pour demander l’autorisation à la DDTM*. « Les dossiers administratifs peuvent être fastidieux à monter. À l’époque, la Chambre d’agriculture du Finistère a aidé André et Daniel Messager à construire le leur », explique le technicien Cultivert. Une fois l’autorisation obtenue, les associés ont pu solliciter leur référent Hortalis, Éric Le Han, Chef d’agence du magasin de Saint-Pol-de-Léon. Celui-ci les a mis en relation avec Pierre Leroy, qui leur a conseillé la bâche adaptée. Ils ont ensuite pu entamer un gros chantier de terrassement avant d’installer la géomembrane.
Joindre l’utile à l’agréable
Pour répondre aux normes de sécurité, les deux réservoirs sont fermés par des grillages de 2 m. Cela n’a pas empêché les associés de les intégrer parfaitement dans le paysage, en engazonnant les alentours. Par ailleurs, l’eau claire de la lagune abrite des carpes et des poissons rouges, qui participent à la garder propre. Et qui font le bonheur des cormorans !
*Direction départementale des territoires et de la mer