Dans le meilleur des mondes, la mondialisation fait son miel des avantages comparatifs si chers à l’économiste Ricardo. Autrement dit, la production se fait là où elle coûte le moins cher. Les pays émergents exportent à meilleur prix leurs produits manufacturés aux pays riches qui à leur tour les payent moins cher que s’ils les avaient fabriqués sur place. Tout cela en partageant savoir-faire et technologies. Puisque le monde est bon pourquoi ne pas travailler en confiance ! L’OMC se fait l’arbitre de cette « mondialisation heureuse ». Et comme les échanges internationaux nourrissent la paix, on peut fermer les yeux sur quelques entorses aux droits de l’homme et sur le pillage technologique. Ainsi en va-t-il de la Chine, admise en 2001 dans la grande famille de la globalisation, mais qui n’a pas respecté ses engagements fondamentaux. Jusqu’à ce que l’Amérique sente la menace de la naissance d’une nouvelle puissance… sans la contrepartie de la démocratie. L’agriculture a aussi profité des avantages comparatifs. On le mesure aujourd’hui en découvrant que la fabrication des engrais azotés a été presque entièrement déléguée à la Russie ; que certaines pièces des machines agricoles proviennent de l’autre bout de la planète. À l’inverse, l’agriculture a parfois pâti de ce système économique. Illustration avec le poulet importé du Brésil et d’Ukraine. La crise du Covid a constitué une première alerte sur la fragilité de ce modèle économique. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine et l’attitude équivoque de la Chine risquent de porter un coup fatal à la mondialisation telle que nous l’avons connue ces dernières décennies. L’agriculture et l’agroalimentaire devront repenser l’équilibre de leurs marchés à l’aune du repli annoncé autour de blocs régionaux. En 2022, la politique reprend l’ascendant sur l’économie……
Commerce et politique