Des savons artisanaux au lait de vache

12520.hr - Illustration Des savons artisanaux au lait de vache
Laurie Poussier au milieu de ses vaches.
À la Chapelle-Janson, près de Fougères (35), Laurie Poussier a créé en janvier 2022 une savonnerie artisanale sur son exploitation. Sa particularité ? Les savons sont fabriqués à partir du lait du troupeau de 100 Prim’Holstein.

Laurie Poussier est fille d’éleveurs mayennais. Après avoir décroché son diplôme à l’Esa d’Angers, elle travaille dans le domaine de la nutrition animale pendant environ 8 ans. Elle est aujourd’hui en cours d’installation pour rejoindre son compagnon, installé depuis 2018 à la Chapelle-Janson (35). À l’époque, Laurie travaille encore à l’extérieur. Mais l’idée de se mettre à son compte lui trotte dans la tête. « Comment valoriser le lait de mes vaches autrement qu’avec des yaourts ou du fromage, qui demandent un gros investissement au départ ? ». C’est la question que s’est posée la jeune femme de 34 ans, avant d’avoir l’idée de créer une savonnerie artisanale.

« Je me suis toujours intéressée aux solutions naturelles dans le monde de l’élevage », confie Laurie Poussier. « En voyant des savons à base de lait d’ânesse ou de chèvre, je me suis dit que du savon au lait de vache pouvait être possible ». L’agricultrice suit alors une formation certifiante de 100 heures sur la création de marque de cosmétiques naturels. Elle apprend également les techniques pour fabriquer du savon solide. « J’ai également suivi une formation plus poussée sur la saponification à l’Université européenne des saveurs et senteurs de Provence. Celle-ci était dispensée par un toxicologue renommé ».

Un an de préparatifs

Armée de ses nouvelles connaissances, la Mayennaise se lance alors dans la recherche et le développement de ses produits, dans la création de son business plan et dans sa stratégie marketing. « J’ai décidé de n’utiliser que des ingrédients français », explique Laurie Poussier. « J’y suis parvenue à 99 %. Seuls le charbon végétal et la poudre d’orcanette, qui me sert de colorant, viennent de l’étranger. Mais les huiles de chanvre et de cameline sont bretonnes ! ». À l’heure actuelle, les six recettes utilisées pour fabriquer les savons ont chacune été validées par un toxicologue. Chaque matière première possède également sa fiche de sécurité qui prouve sa non-toxicité. « En tout, entre ma première formation et la création de la savonnerie, il m’aura fallu environ un an », se rappelle l’éleveuse. Ce temps nécessaire au développement du projet a notamment pu être dégagé grâce à l’embauche d’un apprenti sur la ferme pour la campagne 2021-2022.

150 savons par semaine

Derrière la maison familiale se trouve un petit préfabriqué de 15 m2 avec vue sur les prairies de l’exploitation. C’est dans ce local que Laurie Poussier confectionne ses savons. Pour l’instant, elle y passe 2 jours par semaine. Un jour pour la fabrication et un jour pour l’emballage et les envois. « Je produis entre 150 et 200 savons par semaine », chiffre l’éleveuse. « Depuis février, j’en ai écoulé environ 2 000 ». À terme, la jeune entrepreneuse souhaite pouvoir en créer 10 000 par an. « C’est le minimum pour pouvoir se dégager un salaire. Si l’activité décolle, nous réfléchirons à embaucher un salarié pour avoir deux personnes à plein temps sur la ferme ». Aujourd’hui, les produits sont vendus en direct, en ligne et via des GMS et des magasins de producteurs autour de Rennes.

[caption id= »attachment_67904″ align= »aligncenter » width= »720″]12523.hr Des pétales de calendula macèrent dans l’huile qui servira à fabriquer certains savons.[/caption]

De l’huile, du lait et de la soude

Pour fabriquer un savon, il faut trois éléments principaux : un corps gras, de la soude et de l’eau. À l’Atelier du Tilleul, l’eau est remplacée par du lait frais, à hauteur de 25 %. « Le lait est un surgras naturel pour la peau », précise Laurie Poussier. Concernant les corps gras, ce sont des huiles liquides (olive, chanvre, cameline, noisette…) qui sont utilisées. Tous ces ingrédients sont soigneusement pesés et mélangés. « Je conserve le lait au congélateur pour pouvoir l’incorporer à basse température », précise l’agricultrice. « Autrement, la réaction avec la soude, qui est exothermique, le fait cuire ». Le mélange est ensuite versé dans un moule en bois « fait-maison » qui peut contenir jusqu’à 5 pains de savons de 5 kg. Après deux jours de séchage, les pains sont démoulés et découpés. Les morceaux sont enfin mis à sécher pendant 3 à 4 semaines, durée pendant laquelle la réaction de saponification à froid fait son œuvre.

De nombreux projets à venir

En parallèle de ses activités, Laurie Poussier suit une formation d’herboristerie dans le Finistère à raison d’un jour par mois pendant 9 mois. « Cela s’inscrit dans un projet de création de ferme pédagogique », explique la jeune femme. « L’objectif est de communiquer sur les vertus des plantes qui peuvent facilement être cultivées chez les particuliers ». Devant le laboratoire, une serre de 100 m2 est également en construction. Elle accueillera très bientôt des aloé véra dont le gel a des propriétés intéressantes pour la peau. Enfin, Laurie réfléchit déjà à élargir sa gamme en proposant à sa clientèle des savons liquides, shampooings ou encore crèmes et baumes.

Pour en savoir plus: https://latelierdutilleul.fr/


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