Le désherbage mécanique ne s’improvise pas. La stratégie doit être prise en compte dans la rotation des cultures, lors de la préparation du sol, du semis… Démonstration sur la ferme du lycée de Caulnes(1) qui pratique désherbage chimique suivi d’un passage de bineuse.
Un maïs à 8 feuilles. Au 9 juin, une parcelle de l’exploitation du lycée de Caulnes (22) a été binée, juste avant le recouvrement de l’interrang. Elle a été semée le 27 avril (variété KWS Kilomeris) et a subi un désherbage chimique au stade 3 feuilles (Elumis 0,6 L/ha et Conquérant 200 g/ha). « Je traite systématiquement une fois, avec des précautions de mise en place drastiques : tôt le matin, pour une hygrométrie optimale, en limitant la vitesse d’avancement à moins de 6 km/h, pour toucher toutes les plantes, et à raison de 200 L/ha », explique Jean-Luc Buchon, en charge des cultures sur l’exploitation.
Anticiper la stratégie pour optimiser le résultat
Ensuite, grâce à deux MAE réduction des herbicides qui ont permis de « franchir le pas et de maîtriser la technique », place au rattrapage en désherbage mécanique. Une pratique qui permet au site d’atteindre un IFT désherbage maïs (Indice de fréquence de traitement) de 0,9, pour une moyenne bretonne à 1,52. Si le premier désherbage a bien fonctionné dans la parcelle, « il faut quand même accepter avec le mécanique de ne plus avoir de maïs ultra-propre. Et ce, tant que ce n’est pas préjudiciable pour le maïs », note-t-il. Alors, pour avoir une parcelle le plus propre possible en désherbage mixte, « il faut penser itinéraire cultural avant de penser machine », rappelle Frédérique Canno, de la Chambre régionale d’agriculture. Raisonner rotation, en favorisant un maïs après prairie, réfléchir à l’intérêt du labour ou non selon la parcelle, favoriser des semis plus tardifs et plus denses, pour limiter la pression adventice et anticiper la perte potentielle de plants à l’arrachage. Et condition sine qua non pour Maxime Gasrel, responsable de l’ETA Gasrel à Guitté (35), en charge du chantier : « Je refuse de passer la bineuse 9 rangs Monosem derrière un semoir qui n’est de 9 rangs… ». Avant de préciser : « En désherbage mécanique et chimique, on fait du travail correct. Le désherbage mécanique demande néanmoins de s’adapter aux différentes dates de semis et reste limité aux fenêtres météo favorables. Mais la technique n’est pas possible quand il y a des cailloux. » « Ni efficace en présence de vivaces », nuance Pascal Rehel, technicien cultures Eureden.
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Nombreux bénéfices
« Le nombre de passages de bineuse va dépendre de la pluviométrie. Un passage devrait suffire dans de nombreuses parcelles cette année », ajoute Frédérique Canno. Les rendements sont équivalents aux stratégies en désherbage chimique. Et si le désherbage 100 % chimique est estimé à 80 €/ha en moyenne sur les parcelles suivies par la Chambre d’agriculture, le désherbage mixte augmente de 20 €/ha les charges, comme pour un itinéraire ‘0 phytosanitaire’. « Mais on ne chiffre pas les autres bénéfices agronomiques : réaération et redynamisation du sol. Et la possibilité de retravailler le sol après les orages de début juin. Selon l’Adage ‘un binage vaut deux arrosages’, les atouts de cette action mécanique devraient se voir encore plus cette année… », ajoute-t-elle.
(1) Démonstration menée dans le cadre d’une action de communication par 4 apprentis de BTSA Acse du CFA de Caulnes : Hugo Nicolas, Thibaut Le Cointe, Lomig Clozel et Hélène Sicot.