Diversion

Toute nouveauté se doit aujourd’hui d’avoir son plan de communication. Il serait en effet contre-productif de lancer un produit sans l’accompagner de messages élogieux. Évidemment, en esquivant volontairement quelques inconvénients intrinsèques. Ou, plus malicieux, en présentant la nouveauté comme la solution capable de pallier les défauts des concurrents potentiels. C’est sur cette confusion entretenue qu’ambitionnent de s’enraciner certaines nouvelles agricultures. Ces agricultures hautement technologiques qui seraient forcément plus en phase avec le futur car gratifiées de l’asepsie immaculée de la tech et de la lumière froide des diodes. Et dans tous les cas, bien loin de l’agriculture ras-de-sol asservie à la nature. Loin de tout ce qu’est la vie en fait. Cette nouvelle agriculture verticale, de laboratoire, voire souterraine, n’est pas seulement scientifique et technique. Elle est philosophique, sinon mythologique. Avec cette ambition, assumée ou subconsciente, d’élever l’homme au-dessus de sa pauvre condition terrestre, de l’en extraire même. Jusqu’à s’autoconvaincre que l’énergie artificielle dispensée dans les empyrées de verre et de fer est plus salubre qu’un rayon de soleil d’été qui nourrit la vie végétale et animale. Parce qu’elle s’approcherait d’un certain absolu humain, cette agriculture 2.0 ou 4.0 – comme s’il existait une agriculture double zéro ! – serait donc nécessairement vertueuse. Mais rien ne démontre que ces aliments qui sortent de ces nouvelles « fermes » soient plus écologiques, moins gourmands en énergie ou meilleurs pour la santé humaine. Une contingence qui ne suffit pas à calmer l’appétit d’une poignée de grosses firmes qui se placent avec gourmandise autour de la table de ce marché que le consommateur n’a pourtant pas encore consacré….

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