Il est possible de rentabiliser une installation photovoltaïque orientée au nord en Bretagne. Cette centrale de près de 100 kWc dans le Morbihan devrait s’amortir en moins de 11 ans.
Le fait de dire qu’une chose n’est pas possible éveille la curiosité de certaines personnes les incitant à prouver le contraire. Laurent Moréac, agriculteur, associé à son épouse Isabelle au sein de la société Kipsmil dont l’activité est la production et la revente d’énergie produite avec des panneaux photovoltaïques, fait partie de ces personnes. En 2008, la première installation photovoltaïque de 36 kWc est mise en service sur un des bâtiments du Gaec du Lys à Pluméliau (56). Ils décident de poursuivre l’aventure photovoltaïque à titre privé en investissant en 2010 dans une centrale de 87,4 kWc qu’ils installent sur un ancien poulailler qu’ils viennent d’acheter. « L’installation est exposée plein sud et le tarif de rachat sur 20 ans est de 0,60 €/kWh », précise Laurent Moréac lors d’une porte ouverte de l’Apepha le 31 mai.
Cultiver les toitures comme des champs
Sur la toiture de ce même poulailler, les associés de la SAS Kipsmil ont décidé d’installer une centrale photovoltaïque de 99,94 kWc de puissance sur le côté exposé au nord. La pente de toit est de 18°. Le tarif de rachat est de 0,105 €/kWh sur 20 ans et le prévisionnel de production est de 850 kWh/kWc. Laurent Moréac aime rappeler : « Les cultures utilisent la lumière pour faire de la photosynthèse. En utilisant la lumière avec les panneaux photovoltaïques en toiture, je cultive mes toits comme mes champs. Pour moi c’est une évidence : nos toitures doivent devenir un outil de production. »
Le choix de panneaux « haut de gamme » de la marque Meyer Burger permet de rattraper le retard de production de l’exposition nord lorsque le temps est nuageux et la luminosité plus faible. « Le 27 mai qui était pluvieux, le rendement au nord était équivalent au rendement de l’installation au sud. Le 28 mai qui était une journée ensoleillée l’installation au nord a produit 89 % du rendement de celle au sud. » Le rapport nord/sud est plus intéressant lorsque l’on se rapproche du solstice d’été. À cette période avec un soleil qui se lève au nord-est et se couche au nord-ouest, l’installation au nord se trouve mieux exposée en début et fin de journée. « Le 28 mai, la production au nord était nettement supérieure à celle au sud de 6 h à 9 h et de 19 h à 22 h. » Avec un investissement de 95 000 € (installation photovoltaïque + coût de raccordement + aménagements) et un chiffre d’affaires annuel de 9 260 € sur la vente de l’électricité produite, le temps de retour sur investissement est de l’ordre de 10,5 ans.