En Bretagne, la valeur économique des matières organiques est peu évoquée. Dans un contexte d’abondance, elles sont encore perçues comme un excédent qu’il faut gérer. Mais la situation évolue… Et cette ressource retrouve un regain d’intérêt. « Jusqu’à présent, on parle peu de la valeur globale des effluents d’élevage. Des cotations existent mais les références de transaction sont plus abondantes dans les zones où l’élevage est absent ou rare », relate Manuel Lacocquerie, conseiller d’entreprise à Cerfrance Côtes d’Armor. Une révolution serait-elle en cours ? Mais dans les zones d’élevage, avec la baisse des cheptels animaux depuis quelques années, la ressource organique a tendance à diminuer. « On commence à sentir un changement sur la disponibilité des effluents. Si un agriculteur perd un plan d’épandage, la question se pose de savoir si cela sera facile pour lui d’en trouver un autre… » Jusqu’à présent, les effluents liquides en particulier étaient cédés, les frais d’épandage parfois partagés. Les choses évoluent et l’on voit par exemple émerger des prix du lisier de porc en Bretagne, ce qui n’était pas vraiment dans les us et coutumes de la région. La tendance pourrait s’accentuer avec la diminution du gisement organique et la conjoncture internationale récente qui amène tout agriculteur à se questionner, au-delà du prix, sur les défauts de disponibilité des matières fertilisantes. Un certain nombre d’agriculteurs se sont déjà positionnés sur le marché des matières organiques, en particulier des fientes, pour être sûr d’avoir suffisamment de ressources au cas où les engrais de synthèse feraient défaut, impliquant une pression sur le marché et une hausse des cours des fientes de +5 à +10 €/t sur le printemps. De la valeur « fertilisante » à la valeur « agronomique » On relève sur le terrain des fourchettes de prix de l’ordre de 10 à 20 €/t de fumier de bovin, de 3 à 8 €/m3…
Effluents : Une richesse sous-estimée