Magali Quéguiner s’est lancée dans la production de fleurs, il y a un an. Son exploitation est gérée comme une ferme maraîchère, où les cultures s’adaptent au fil des saisons.
Le petit champ au beau milieu du bourg de Guiclan (29) et autrefois planté de pomme de terre est désormais cultivé par d’autres espèces végétales. Ici, pas de récolte de graines ou de tubercules, mais une grande variété de fleurs. À la tête du Pré fleuri, Magali Quéguiner. Cette fille de maraîcher a travaillé pendant 8 ans dans un élevage laitier avant de s’installer. Car il ne faut pas s’y tromper : la ferme florale est une véritable exploitation agricole, très proche des techniques utilisées par les producteurs de légumes. « J’ai toujours aimé les fleurs et les métiers du paysage », explique la floricultrice pour justifier son choix d’installation. Depuis un an, elle propose des bouquets de fleurs fraîches ou sèches en vente directe (le samedi matin sur la ferme) et sur les marchés pour les particuliers, mais aussi aux grossistes et aux fleuristes.
[caption id= »attachment_67550″ align= »aligncenter » width= »720″] Quand certains luttent contre les chardons (ici un eryngium) dans leurs champs, Magali Quéguiner les cultive.[/caption]
Du butun au bouton
Difficile d’imaginer un planning prévisionnel au lancement de l’entreprise en 2021. « Je n’avais pas de repères, c’est difficile de prévoir les volumes à semer ou à planter ». Pour conserver les récoltes, Magali Quéguiner a fait le choix de sécher une partie de sa production. « 1/3 de mes espèces de fleurs s’y prêtent ». Dans un four originellement destiné à sécher du tabac acheté d’occasion, les bouquets prennent le temps, tête en bas, de libérer leur eau. « Il y a de la demande pour ces fleurs séchées. Il faut les conserver à l’abri de la lumière et de l’humidité pour qu’elles conservent leurs couleurs ». Ces beaux bouquets figés dans le temps peuvent se conserver des années, même si leurs teintes vont évoluer dans la durée. Si les espèces à bulbes ne sont pas adaptées à passer au séchoir, les acrocliniums, aussi appelées immortelles d’Australie, portent bien leur nom puisqu’elles supportent très bien l’opération.
[caption id= »attachment_67552″ align= »aligncenter » width= »720″] Le statice se prête très bien au séchage.[/caption]
Des récoltes échelonnées
Techniquement, la saison de production des quelque 70 vivaces, bisannuelles et annuelles démarre dès janvier. Les graines sont semées minutieusement une à une dans des plaques de culture alvéolées ; ces semences proviennent de maisons grainières, quelques-unes d’Irlande. C’est le cas de mufliers, de pois de senteur ou, plus atypique, de chardons. Sur la surface de la ferme de 1,2 ha, il y a aussi des tunnels, afin d’avancer et de retarder au maximum la saison de production. « Les abris servent aussi à protéger des sujets sensibles, comme le statice, dont la fleur blanche de certaines variétés peut se tâcher en plein champ ». La toile tissée est utilisée à bon escient pour ne pas mettre en concurrence les cultures par d’autres fleurs non désirées. « Je ne traite jamais les cultures, mais ma production n’est pas biologique pour autant. Ce serait beaucoup trop compliqué de s’approvisionner en graine bio ». Les auxiliaires semblent très bien s’accommoder de ce mode de production très raisonné : les fleurs sont belles et les papillons ne s’y trompent pas, ils trempent leur trompe allègrement dans les corolles. À cela s’ajoutent des couverts végétaux semés entre les cultures, où la phacélie, la moutarde et les radis chinois structurent le sol tout en gardant au lopin de terre un aspect fleuri.
[caption id= »attachment_67551″ align= »aligncenter » width= »720″] Une belle fleur de lupin.[/caption]
Fleurs fraîches locales
Magali Quéguiner fait partie du collectif de la fleur française, association au service des végétaux locaux et de saison. En France, « une ferme florale éclôt tous les 3 jours, c’est florissant ! », s’amuse la productrice.
Cette année, les fleurs sont arrivées avec 3 semaines d’avance, il n’y a pas eu de gel en avril. De quoi s’assurer une production de qualité. Et les choses sont en train de changer, le client aime le local. Chez les fleuristes, ses récoltes viennent concurrencer de gros pays faiseurs comme la Hollande. « Nos dahlias ou nos acrocliniums sont archi-frais. Je suis capable de proposer des fleurs très fragiles qui supportent très mal le transport. Aussi et en cultivant en extérieur, les plantes sont plus robustes ». Simples et efficaces, les plantes champêtres de Guiclan arrivent comme une fleur pour calmer celui ou celle qui a les nerfs à fleur de peau, et font toujours plaisir aux jeunes comme à ceux qui sont dans la fleur de l’âge.