La culture humaniste fait partie de l’ADN des Bretons. Dans le monde agricole, elle est le socle de l’entraide naturelle et gratuite entre voisins, de l’assise du mouvement coopératif et mutualiste. Dans les années 60, elle a constitué le terreau fertile d’une communion créatrice et émulatrice, impulsée entre autres par la Jac, qui entraîna la majorité des paysans bretons sur la voie du progrès technique et social. Vingt ans plus tard, des agriculteurs bretons ont voulu partager cette recette du succès avec les pays émergents. C’est ainsi qu’est née l’Afdi Bretagne, initiée en 1981 par François Guézou, alors président de la Chambre d’agriculture des Côtes d’Armor. D’autres associations agricoles bretonnes sont animées par ce même esprit altruiste. Même si les résultats de ces actions bénévoles en Afrique apparaissent parfois bien minces à l’échelle d’un pays, les missions successives des agriculteurs et techniciens bretons montrent que l’engagement auprès de communautés paysannes locales porte ses fruits. Et rappellent que la base de l’émancipation sociale et de la quête de la souveraineté alimentaire repose d’abord sur l’éducation et la formation des jeunes ; et souvent des jeunes femmes désireuses de s’affranchir de certaines pesanteurs culturelles. Toutefois, les pays émergents ne conquerront leur autonomie qu’au prix de décisions politiques fortes des États. Pour garantir leur sécurité alimentaire, les gouvernements doivent flécher une part plus conséquente de leur budget vers l’agriculture. Or, pour asseoir leur pouvoir, ces derniers préfèrent trop souvent avoir recours à l’achat massif de céréales pour éviter les manifestations de citadins. Des citadins toujours plus nombreux car fuyant les campagnes où – paradoxe incroyable – on ne mange pas souvent à sa faim….
La faim