La sécheresse accentue la tendance de déprise en élevage

12323.hr - Illustration La sécheresse accentue la tendance de déprise en élevage
À plus de 600 km, en plein bassin de production de Charolais, le bilan dressé est le même qu’en Bretagne : une érosion des cheptels qui s’intensifie ces dernières années.

« Nous notons une érosion du nombre d’animaux, dans quasiment tous les secteurs », note Jean-Philippe Garnier, de la Chambre d’agriculture de l’Allier. « Y compris en bovin lait, même si l’atelier laitier reste une production marginale en Allier malgré son poids économique. Les éleveurs jusqu’à présent augmentaient leur cheptel depuis la fin des quotas laitiers. Mais depuis 3-4 ans, la tendance s’est stoppée. Les bâtiments sont à saturation et des départs à la retraite ne sont pas tous renouvelés. Le nombre de vaches laitières diminue donc ». Le constat à la baisse est le même en vaches allaitantes. Un phénomène accéléré ou freiné par les effets conjoncturels, la Pac, la météo… « Car, à la différence du Grand Ouest, on ressent de façon certaine les changements climatiques. Et de la lassitude il y en a eu dans les campagnes, accentuée par les sécheresses successives en 2018-2019-2020, générant un ‘trou d’herbe’ qui s’allonge et requiert l’usage de stocks fourragers du 15 juin au 30 août, pour un recours aux stocks d’un mois auparavant. Et en espérant avoir une repousse de l’herbe à l’automne… Cela demande de l’adaptation, une nouvelle façon de gérer les pâtures et plus d’incertitude. »

La culture aussi devient difficile

Si ces sécheresses ont fait évoluer les critères techniques – les vaches improductives ont quitté les élevages –, elles ont fait chuter les effectifs, légèrement compensés par une amélioration de nombre de veaux par vache. « Mais on va vers une diminution bien caractérisée des vaches et des génisses allaitantes, ce qui représente de grandes inquiétudes pour l’élevage dans nos zones herbagères où la culture est parfois difficile », ajoute le conseiller. Seule la production ovine reprend des couleurs, après des années difficiles. Elle suscite un regain d’intérêt et trouve toute sa place aussi dans la mixité des troupeaux.

« On porte fort les atouts de la polyculture-élevage. La production d’effluents organiques est une force chez nous, en intra-exploitation ou en interaction entre exploitations (échange paille-fumier), et son intérêt est encore plus prononcé vu le coût des intrants cette année. » Les déficits pluviométriques exigent de l’adaptation et rendent compliqué les cultures de céréales et de maïs. Pourtant, élevage et culture restent complémentaires : stock fourrager, concentrés, paille…

Difficultés de recrutement de salariés

« Une chose est sûre, si les exploitations ont cessé de croître, la main-d’œuvre passe dorénavant par la voie du salariat qui devient un facteur important de pérennité de l’exploitation, mais avec les difficultés de recrutement qui se font croissants, d’autant plus en productions spécialisées… », ajoute Jean-Philippe Garnier. 


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