Dans un contexte de tension sur les prix des fertilisants et des céréales, il est essentiel de piloter au plus juste la fertilisation et le chaulage afin de permettre aux cultures d’exprimer au mieux leur potentiel. Pour cela il est indispensable de bien connaître son sol, d’autant plus que le coût d’une analyse ne revient qu’à environ 5€ par hectare et par an !
En Bretagne nous constatons que 30 % des sols présentent des déséquilibres plus ou moins importants. Les équilibres peuvent être rompus par des teneurs faibles de certains éléments, mais aussi par des excès. Nous observons de plus en plus de carences en oligoéléments (manganèse, bore, zinc…), mais aussi de plus en plus de déficiences en potasse.
L’analyse de sol est l’outil qui permet d’identifier ces risques et de prendre des décisions adaptées pour un bon pilotage de sa fertilisation, du choix des amendements sans oublier les oligoéléments. C’est également un outil pour éviter de perdre du rendement sur les cultures.
Des indicateurs à suivre de près
• Le pH mesure l’acidité du sol, un pH aux environs de 6,5 permet au sol d’exprimer pratiquement tout son potentiel agronomique, de bien valoriser les engrais minéraux ainsi que les produits organiques (fumiers, lisiers, composts…) (Cf. tableau 1).
• La matière organique, généralement comprise entre 1 et 5 %, joue de multiples rôles dans les processus écologiques. C’est un réservoir d’éléments nutritifs qui, grâce à la minéralisation, peuvent être libérés et rendus disponibles pour les plantes ou les autres organismes du sol. Elle contribue aussi à la structuration du sol et permet d’augmenter la réserve utile du sol avec sa forte capacité de rétention d’eau.
• Le C/N permet d’évaluer le bon fonctionnement biologique du sol. De nouveaux indicateurs sont disponibles (souvent en option) pour améliorer la caractérisation du fonctionnement biologique des sols. Parmi ceux-ci, on retrouve l’APM qui traduit la capacité du sol à minéraliser correctement l’azote mais également le POxC qui exprime le carbone disponible pour alimenter les microorganismes.
• Le phosphore et la potasse : les engrais minéraux (azote, phosphore, potasse) sont à des niveaux de prix très élevés. Il va donc falloir investir au plus près des besoins des cultures et l’analyse de sol va justement permettre de piloter au mieux le phosphore et la potasse. Pour l’azote, on peut simplement faire une analyse de reliquats sortie d’hiver et connaître son stock disponible.
• Les bases échangeables (calcium et magnésium) : il est important de connaître et de respecter les équilibres entre les bases échangeables pour éviter certains antagonismes.
• Les oligoéléments sont indispensables au bon fonctionnement des plantes, ils interviennent dans la photosynthèse, la croissance, la fertilité et la synthèse des protéines. Il est donc important de les analyser pour s’assurer que tous les équilibres sont respectés. Malheureusement, de nombreuses parcelles en Bretagne sont carencées en manganèse, zinc ou bore et ces carences ne leur permettent pas d’exploiter le rendement qu’elles devraient. Selon les cultures les rendements seront plus ou moins limités. (Cf. tableau 2)
Quand réaliser l’analyse de sol ?
Une analyse de sol doit être renouvelée au moins tous les 5 ans ou 5 cultures. Pour les sols ayant une CEC faible, cette fréquence est à réduire car il faut pouvoir piloter au plus fin. Deux périodes sont à privilégier : l’été ou l’automne après les récoltes d’été ou à la sortie d’hiver pour les cultures de printemps.Enfin, dernier conseil : ne pas oublier les prairies. En effet, trop peu d’entre elles sont analysées et pourtant il est important de bien connaître les éléments majeurs (phosphore, potassium, calcium, magnésium) et les équilibres entre les bases échangeables pour une bonne qualité de l’herbe.
Pierrick Tanguy / Capinov