Du maïs à disposition en hiver, des cheminées pour nidifier, le choucas des tours a des ressources pour coloniser la Bretagne. L’étude scientifique, conduite par Sébastien Dugravot, maître de conférences à l’université Rennes 1, n’a pas livré de grandes surprises. La population est estimée à 8 000 couples reproducteurs en Morbihan, 9 000 en Ille- et-Vilaine, 23 000 en Côtes d’Armor et 44 000 en Finistère. Les GPS accrochés aux volatiles montrent que les oiseaux passent beaucoup de temps dans les prairies au printemps. « Les reproducteurs ont besoin d’insectes pour nourrir les jeunes », précise l’écologue. « En été, le besoin d’insectes diminue. Ils consomment les céréales disponibles ». Au mois de décembre, plus de 90 % des gésiers contiennent du maïs. « Ils le trouvent dans les chaumes de maïs, dans les déjections de bovins (non digérés). On retrouve également beaucoup de coléoptères qui consomment les bouses de vaches ». Cette abondance de nourriture hivernale favorise fortement le taux de survie des jeunes, habituellement proche de 60 % à 70 %. La destruction n’aurait qu’une efficacité limitée. « Il y a un phénomène de compensation ». Les oiseaux restants auraient d’autant plus d’espace pour nicher (90 % des couples nichent dans les cheminées) et d’aliment pour se reproduire. Ailleurs en Europe « Les méthodes de gestion visant à limiter l’expansion de l’espèce en Bretagne impliqueront nécessairement et conjointement la limitation de l’accès aux sites de nidification (obstruction des cheminées) et aux ressources agricoles ». En Allemagne, et plus généralement en Europe orientale, la population a décliné en raison de la raréfaction des sites de reproduction, suite aux rénovations ou démolitions d’anciens bâtiments. De quoi faire réfléchir les élus locaux qui doivent, selon le scientifique, explorer des méthodes de gestion pertinentes, alternatives aux destructions aléatoires d’individus….
Le choucas s’envole