Les effluents deviennent compost et litière grâce au séparateur

12247.hr - Illustration Les effluents deviennent compost et litière grâce au séparateur
La litière (phase solide du séparateur) est gérée quotidiennement avec un rabot comme le montre Jean-Charles Chevalier.
Pour gérer plus facilement les effluents de leur élevage laitier, les associés ont fait le choix d’installer un séparateur de phase. La partie solide est soit utilisée en litière, soit compostée, permettant une meilleure valorisation sur les prairies.

Sur le Gaec du Bois Briand à Val-Couesnon, les effluents de l’élevage laitier passent par un séparateur de phase qui permet la production de compost d’un côté et de lisier très liquide de l’autre. « Auparavant, notre fumier ne se tenait pas bien, était difficile à reprendre. En 2016, nous avons couvert la fumière, mais cela ne suffisait pas. Après des visites chez plusieurs agriculteurs équipés, nous avons opté pour l’installation d’un séparateur de phase il y a deux ans et demi », retrace Jean-Charles Chevalier, associé avec ses parents Alain et Isabelle depuis 2014.

Séparateur de phase à vis

[caption id= »attachment_67276″ align= »alignright » width= »310″]12248.hr Une partie de la phase solide sortant du séparateur est compostée.[/caption]

De marque Renson, le séparateur de phase a été installé en lien avec les Ets Lefort, avec une bonne partie d’autoconstruction. En incluant les travaux de maçonnerie – plomberie, l’investissement a été de 80 000 € environ. « Nous avons fait le choix d’un séparateur à vis pour avoir un produit plus sec. Ce matériel fait aussi moins de bruit qu’un séparateur à tamis. » Côté consommation électrique, les éleveurs ne remarquent pas une hausse très importante. Les effluents situés dans les aires d’exercice sont amenés via trois racleurs dans une fosse de préparation rectangulaire, profonde de 2,5 m. Les eaux de salle de traite y arrivent aussi pour un produit plus dilué. Un malaxeur situé en fond de fosse homogénéise le tout puis une pompe hacheuse l’envoie au séparateur.

La phase liquide rejoint la fosse à lisier non couverte, située à quelques centaines de mètres à côté de l’élevage de veaux de boucherie. « Nous avons aussi acheté une poche à lisier de 1 000 m3 qui nous assure une sécurité de stockage », précise Isabelle Chevalier. « Les entrepreneurs réalisant les travaux d’épandage nous disent que le lisier est fluide, facile à reprendre et à épandre. Une analyse nous a montré une teneur en azote total de près de 3 unités de la partie liquide. Elle contient aussi 1,2 unité de phosphore et 5,5 unités de potassium », ajoutent les éleveurs. Le lisier est épandu sur maïs une semaine avant les semis ou sur céréales dès que l’entrée sur les parcelles est possible. « Ensuite, nous avons un apport d’ammonitrate sur l’orge. »

Un pressage plus ou moins important

Selon la destination de la phase solide, le pressage est plus ou moins important. « La partie compostée affiche un taux de matière sèche d’environ 24 % et elle contient près de 4 unités N. Ce produit est placé dans la fumière où il monte en température, à plus de 60 °C. Le compost peut ensuite être facilement utilisé sur les prairies et épandu sans limite de voisinage. »
S’agissant de la partie solide allant en litière pour les vaches, nous visons un taux de MS plus important, de 30 % environ. « Cela donne un produit absorbant, non salissant et facile à manipuler, sans odeur. Nous plaçons notre ancienne désileuse sous le séparateur. La machine nous permet ensuite de positionner un petit stock de litière entre les logettes. Puis il est réparti au fur et à mesure du salissement avec un rabot manuel », expliquent les éleveurs précisant qu’ils ont peu de mammites sur l’élevage. Globalement, l’utilisation de cette litière permet de faire baisser la consommation de paille de 10 tonnes/an. « Les veaux et les génisses ont toujours de la paille et génèrent donc du fumier. »

Volonté d’autonomie

Aujourd’hui, l’élevage n’achète plus que 5 t/an maximum d’ammonitrate. Au niveau alimentation aussi, la volonté d’autonomie est forte. Aujourd’hui, elle est basée sur l’ensilage d’herbe, complété par du maïs épi, ce qui a permis de réduire les achats de correcteur. « Nous avons arrêté le maïs ensilage il y a un an. Les laitières reçoivent au maximum 2,5 kg/j de correcteur en hiver. Au printemps, elles en reçoivent 1 kg avec une ration à l’auge réduite et un pâturage jour et nuit. Nous faisons du pâturage dynamique avec un paddock par jour et un autre par nuit. Les prairies contiennent beaucoup de trèfles et un peu de RGA, dactyle et fétuque ». 

Six ans de semis direct

Jean-Charles Chevalier pratique le semis direct depuis 2016, dans l’objectif de réduire le temps de travail et les charges de mécanisation et de renforcer la qualité agronomique des sols. « Nous n’avons plus d’outils à dent. » Les implantations de céréales sont réalisées avec un semoir de semis direct. « Pour le maïs, je réalise du strip-till (travail du sol sur le rang) et lors de l’implantation des prairies, un déchaumage superficiel, sur 2 – 3 cm. » Ces techniques demandent de la vigilance sur le semis des graines et un suivi des cultures pour bien positionner les désherbages notamment. « Pour le moment, outre les gains sur le fioul et les charges de mécanisation, je ne vois pas encore tous les bénéfices de l’agriculture de conservation. J’ai parfois de l’hétérogénéité dans les rendements. Mais comme le soulignent des éleveurs engagés depuis plus longtemps dans ces techniques, il faut passer le cap des 7 à 10 ans avant d’avoir un vrai retour sur la fertilité des parcelles », explique l’éleveur qui fait partie du groupe Sol Vivant du Geda 35 et du GIEE SDCV (Solutions durables pour le climat et le vivant) lancé en 2019.

Le méteil, variable d’ajustement

La SAU du Gaec est de 84 ha dont 50 ha sont drainés. 23 ha de maïs épi sont cultivés, ainsi que 6 ha d’orge, 4 ha de méteil (grain ou ensilage) et 51 ha d’herbe. Selon les stocks à prévoir pour l’année suivante, 15 à 35 ha de méteil sont aussi implantés en interculture (en octobre ou novembre) directement dans une prairie, qui reste en place ou qui laissera la place au maïs. « Cela permet d’augmenter les volumes stockés », souligne Jean-Charles Chevalier. Le méteil est constitué de féverole, d’avoine, de pois et de vesce généralement. L’agriculteur essaye de produire un maximum de semences sur l’exploitation.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article