Lors de la 2e édition des ‘Matinées Lait rencontres’, la section lait d’Eureden a decrypté la conjoncture avec Stefan Nether, expert en produits laitiers et grains chez StoneX.
« Depuis 2 ans, la croissance mondiale est chahutée. Curieusement, la phase Covid a été un trou d’air pour les produits laitiers. La Chine a fortement augmenté ses importations (+10 %). Et comme on produit moins en France, en Europe, aux USA et en Nouvelle-Zélande, les marchés se sont asséchés », explique Stefan Nether, de chez StoneX. Le manque de disponibilité fait enchérir les prix : « Les marchés sont nerveux et plus volatils ».
La guerre en Ukraine aggrave la tendance. Face à la menace de famine, les États reconstituent des stocks stratégiques, ce qui accentue l’inflation sur les matières premières.
« Quant à la nouvelle Pac, qui a peu de chance d’être repoussée, elle va faire baisser la production de lait de 10 % sur 7 à 10 ans, avec une chute du cheptel laitier de 13,3 %… », ajoute-t-il, et ceci face à une demande croissante.
Un ratio offre /demande déséquilibré
Une faible proportion des produits laitiers (beurre, poudre et Cheddar) échangés dans le monde (10 %) dicte sa loi sur les marchés. Ce sont donc des marchés à surveiller. « Le prix du beurre, à 2,50 €/kg en mars 2020, s’est retrouvé à 7,80 €/kg en mai. Son prix risque de crever le plafond ces prochaines semaines. Le stock de poudre maigre est au plus bas en ce moment mais les pays vont revenir aux achats au 2e semestre. Face à une demande tonique – on prévoit un manque de 5,5 Mt de lait au niveau mondial –, et des marchés de matières premières haussiers, les prix risquent d’augmenter… », prédit-il. Avant de préciser : « Mais, avec un dollar fort, nos produits sont compétitifs à l’export ». Les exportations mondiales sont en dessous des prévisions : avec le port de Shanghai fermé depuis 2 mois, les Chinois ont freiné leurs achats, mais leurs demandes en produits laitiers vont reprendre ; La Nouvelle-Zélande voit sa production baisser face à une météo difficile 3 ans consécutives. « Seuls les USA regardent devant eux, ils raisonnent selon la marge et non pas selon le prix comme en France. Ils vont continuer à déstocker, avec un prix du lait élevé. Leurs exportations ont augmenté de 4,8 % sur 12 mois » Les prédictions se basent sur les modèles, « mais il n’y a pas de bons modèles en période de crise… » Les flux exportés sont en dessous des attentes « mais on se prépare à un regain au 2nd semestre, avec une Chine et un espace asiatique qui ‘drivent’ les exportations. »