S’il y a une chose qui était totalement prévisible, c’est bien le départ massif d’agriculteurs dans la décennie en cours. En matière de démographie les choses sont en effet relativement simples : les jeunes sont appelés à vieillir, et donc à laisser leur place. Les classes nombreuses d’agriculteurs nés dans les années soixante et installés dans les années quatre-vingts prennent donc leur retraite dans les années 2020-2030. C’est peut-être parce que c’est trop simple que personne n’a rien vu venir… ou n’a pas eu envie de voir. Installer 1 000 jeunes par an – 2 000 renchérit à présent la Confédération paysanne – suppose d’abord que les agriculteurs en activité acceptent de partager le foncier. La partie n’est pas gagnée avec le mouvement d’agrandissement des exploitations accentué par la végétalisation. La réelle volonté de la profession et des pouvoirs publics d’installer des jeunes se mesurera à l’aune de décisions politiques fortes pour gérer ce bien commun qu’est la terre. Sans cela tout discours sera vain. Au-delà de l’enjeu majeur du foncier, la profession ne peut accomplir seule ce beau dessein de passeur générationnel. Elle doit être véritablement soutenue par l’ensemble des acteurs économiques, politiques et institutionnels qui doivent œuvrer à une rémunération décente des agriculteurs. On ne peut pas en effet inciter des jeunes à s’installer pour qu’ils ne gagnent pas leur vie. Le métier d’agriculteur doit être économiquement viable et humainement vivable. Tant dans les productions conventionnelles que dans celles qualifiées d’atypiques qui, quoi que l’on pense, participeront à maintenir la vitalité économique et sociale de la Bretagne, indissociable de son agriculture intimement liée à son identité culturelle….
Renouvellement