Un des 5 scénarios à horizon 2040 étudiés par la Chambre d’Agriculture de Bretagne se base sur une photo où le système polyculture-élevage est préservé, mais avec deux types de structures qui s’opposent. Décryptage avec André Sergent, président de la Chambre régionale d’agriculture. Vous avez qualifié ce scénario de « mode résistance ». Pouvez-vous le décrire ? Si on laisse faire les choses sans intervenir, ce scénario « résistance » est plausible : l’élevage serait préservé mais sous deux types d’agriculture. Dans quel contexte ? Sur des marchés où la demande est croissante mais moins dynamique, les filières animales se repositionnent sur le marché intérieur. Les GMS et la RHD se mettraient à orienter un grand nombre de filières et les interprofessions. L‘élevage tend à se réduire avec le non-renouvellement des actifs. Mais, avec un durcissement des règles environnementales, la production n’arrive pas à valoriser les espaces qui se libèrent pour la production d’énergie ou autres opportunités. On se retrouverait avec une agriculture duale où certaines structures s’agrandissent, les petites exploitations se dirigeraient vers des marchés à plus forte valeur ajoutée. Pour les premiers, la contractualisation imposerait de chercher du revenu par le volume. L’agriculture ‘de masse’ nourrira une certaine catégorie de Français, l’autre agriculture – plutôt en circuit court – répondra à la demande d’une autre catégorie sociale. C’est en quelque sorte un scénario ‘statut quo’ et la poursuite des tendances actuelles… Oui, et la demande est bien présente pour ces deux types d’agriculture. Mais à terme, ces évolutions posent de nombreuses interrogations. Verrons-nous des logiques d’agriculture qui vont fleurir sans lien avec la terre ? Demain la GMS viendra-t-elle s’insérer dans les stratégies des exploitations agricoles ? L’agriculture « résiste » certes, mais la perte de maîtrise au niveau des choix de production ne va-t-elle pas entraîner de la lassitude ? À force d’investissement conséquent dans la recherche autour de…
« Vers une agriculture duale ? »