Certes, c’est beau. Ces champs de tournesol qui fleurissent depuis début juillet dans les champs bretons donnent une couleur étincelante à la campagne. Il y a 10-15 ans, ce spectacle champêtre était l’apanage du Sud-Loire. Sur la route des vacances, les champs rayonnant de leurs gros capitules noirs corollés de jaune marquaient une sorte de frontière géographique entre le nord et le sud de la France. Désormais, le tournesol a largement passé la Loire, et même le Blavet. Sa conquête de l’Ouest est la signature à la fois colorée et sombre que le dérèglement climatique est à l’œuvre… et bien plus rapidement que l’on ne pense. Car si le tournesol constitue une « opportunité » pour enrichir les rotations, cette culture pourrait parallèlement disparaître de ses terres historiques du Sud. Les récents reportages télévisés montrent combien les agriculteurs de ces régions sont désemparés face aux sécheresses récurrentes qui compromettent les rendements. Un sentiment de répétition confirmé par Météo France qui parle de phénomènes « nettement plus fréquents et intenses des sécheresses agricoles » depuis la fin dans années 80. Du tournesol en Bretagne… et de la vigne. Là aussi les néo-viticulteurs bretons s’enthousiasment des nouvelles « opportunités » permises par les bouleversements climatiques. Une pratique culturale et culturelle qui renoue ainsi avec la période chaude de l’optimum climatique médiéval qui permit à l’Armorique de devenir une terre vinicole. Jusqu’à ce que des édits royaux décident de limiter les vignes de crainte qu’elles ne prennent la place des pâturages et surtout des terres à blé (Henri Sée, historien). Étonnant comment l’histoire se répète… Sauf que demain, ce ne sera plus la loi des hommes qui imposera les assolements, mais la loi de la nature….
Opportunité ?