Spéculation

La flambée des prix des matières premières agricoles et par ricochet des prix alimentaires, porte en elle une part d’ivraie liée à de la pure spéculation. Le jeu des acteurs financiers est, rappelons-le, avec les événements climatiques et les conflits, le 3e pilier des variations des prix alimentaires. Et dans le cas présent, la déconnexion des flux physiques de marchandise et des échanges financiers, observée par les spécialistes sur les places de marché des matières de premières de Chicago, Londres et Euronext, montre que la spéculation bat son plein. Car les spéculateurs sont à l’affût, comme le rappelle l’étymologie du mot issu du latin speculare : observer, guetter. Autrement dit, ils sont comme le renard derrière l’arbre qui guette la poule aux œufs d’or. Et les fonds de placement qui s’adonnent à ce jeu-là depuis le 24 février dernier n’ont strictement rien à voir avec la transformation ou la vente de produits agricoles. Pas un grain de blé ne passera jamais dans leurs mains. Au premier semestre 2022, ils ont misé 6 fois plus qu’en 2021 sur les matières premières agricoles. Allant jusqu’à vendre plusieurs fois par jour des stocks dont on ne connaît pas exactement les volumes réellement disponibles. Lors de la précédente crise alimentaire de 2008, des experts avaient déjà dénoncé cette financiarisation excessive des marchés qui conduit à échanger « 46 fois la production mondiale de blé » et « 24 fois celle du maïs » produites en un an. Las. Parce que la nourriture n’est pas un produit comme un autre, les responsables politiques doivent octroyer de vrais pouvoirs aux autorités de régulation, agir pour la transparence des stocks publics et privés et exclure des marchés les offices de spéculation qui n’exploitent pas physiquement les matières premières agricoles….

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