Cette année, plus encore que d’habitude, l’observation des plants et surtout des grains est essentielle pour estimer la date de récolte. Gilles Monneraye, de Sérent (56), détaille sa façon de faire.
La date de récolte est importante pour la conservation du maïs fourrage. Récolter trop tôt, c’est un manque à gagner en rendement et en qualité (teneur en amidon) et des pertes par jus. Récolter trop tard expose à des difficultés de conservation. « Mon premier repère, c’est la floraison », indique Gilles Monneraye, associé en Gaec à son épouse Marie-Christine et à son fils Pierre. Ils produisent 1,5 million de litres de lait (58 hectares de maïs). « La récolte a généralement lieu deux mois après le stade où la moitié des futurs épis portent des soies ». Un mois après la floraison, l’observation des plants et du remplissage des grains permet d’affiner la prévision. « Cette année, nous avons fait le tour des parcelles dès le 15 août. En général, nous traversons la parcelle. Nous observons l’état des plantes (MS, couleur) et nous évaluons le pourcentage d’épi par rapport à la plante entière. Ensuite, nous ouvrons les épis et comptons le nombre de rangées et de grains sur la rangée ».
L’état du grain
Équipé de sa réglette « stade d’ensilage » Pioneer, l’éleveur analyse l’état du grain, après avoir sectionné l’épi, et évalue le taux de matière sèche. L’objectif, au Gaec Monneraye, est d’ensiler un maïs fourrage entre 33 % à 35 % de MS plante entière. « À ce stade (un mois après la floraison), il est facile de repérer l’apparition de la lentille vitreuse à l’extrémité des grains ». La lentille vitreuse, jaune dorée et difficilement rayable à l’ongle, correspond au dépôt d’amidon vitreux. « La plante entière est alors, selon son gabarit et l’état des feuilles, entre 25 et 26 % MS ». À partir du stade d’apparition de la lentille vitreuse, pour les variétés cornées dentées (et de la dent sur la majorité des grains pour les variétés dentées), il reste 7 à 8 points de matière sèche à acquérir pour atteindre le stade optimal de récolte, soit 140 à 160 °C efficaces* (20 °C efficaces pour gagner un point de MS). La date de récolte dépend donc de la météo prévue les jours suivants. Le Gaec Monneraye Holstein ensilera, cette année, à la mi-septembre. « Auparavant, on ensilait à la mi-octobre. Ces dernières années, vers la fin septembre-début octobre ».
Un bon développement
La saison 2022, chaude et sèche, oblige à avancer la récolte. Semé fin avril dans des parcelles riches en matière organique et profondes, le maïs a un bon développement. « Nous semons trois variétés, dont une nouvelle, tous les ans. Nous pesons les épis pour les comparer. Ces essais (d’une nouvelle variété) nous permettent d’anticiper au cas où une ancienne ne serait plus disponible ». La qualité, sans doute un peu moindre que ces dernières années (année 2021 exceptionnelle), n’inquiète pas les éleveurs : « Nous avons du maïs grain humide (boudins) en stock. Il servira à compléter la ration en énergie, en fonction des besoins ». La production laitière ne souffrira pas trop de l’année climatique atypique même si le stock d’herbe enrubannée est moindre que celui de l’année dernière.
* Pas de croissance en dessous de 6 °. Pour obtenir une température moyenne base 6 on fait le calcul suivant : (température maximale de la journée « 30 max » + température minimale de la journée) / 2) – 6. Ex : températures de 30° l’après-midi et 16° le matin donne 17°C efficaces. Les 140°C à 160°C nécessaires seront atteints en 8-9 jours.