Laissez faire la demoiselle aux yeux d’or

 - Illustration Laissez faire la demoiselle aux yeux d’or
La chrysope adulte, cette demoiselle pond des œufs d’or aux yeux des agriculteurs.
Préservation de la biodiversité, réduction des intrants, des pesticides… de nouvelles préoccupations en quête de solutions innovantes. Mais avec sa parure verte, ses ailes nervurées transparentes et ses yeux d’or, nul doute : la chrysope pourrait vous être utile !

Connue et reconnue pour manger des pucerons, la coccinelle est un insecte recherché pour protéger les cultures de ce ravageur. Mais depuis quelques années, l’attention des chercheurs se tourne vers la chrysope. Elle aussi amatrice de pucerons, la demoiselle aux yeux d’or pourrait diminuer les dégâts sur vos cultures ! Ces pucerons piqueurs-suceurs se nourrissent de la sève des plantes cultivées impactant le rendement. Blé, orge, légumes ou arbres fruitiers, autant de cultures envahies par ce ravageur. Une seule année couvre 5 à 10 générations de pucerons qu’il faut donc contrôler afin d’éviter les pertes. L’utilisation de produits phytosanitaires est efficace mais coûteuse et peu écologique. Cependant, lors de son déjeuner, le puceron rejette du miellat… Un mets apprécié des chrysopes. Ainsi, en attirant l’un de leurs ennemis redoutables, les pucerons peuvent être contrôlés naturellement grâce à cette prédation.

Une lutte bien orchestrée

Si avec ces yeux d’or, la demoiselle pourrait charmer les pucerons, ce sont en réalité ses larves qui les mangent. En effet, la chrysope adulte se nourrit de pollen, de nectar et est attirée par le miellat des pucerons. Son rôle est reproductif.Elle dépose ses œufs sur les plantes de mars à août. Une chrysope adulte femelle pond jusqu’à 40 œufs par jour. Une seule année couvre 3 à 5 générations de chrysopes réparties de mars à septembre. La larve gourmande en pleine croissance mange en moyenne 30 pucerons par jour. Une femelle peut donc à elle seule, permettre l’élimination de 240 000 à 350 000 pucerons au cours d’une année. La saison hivernale, Chrysoperla carnea la passe dans les haies, les bois et les forêts. Mais dès que les premiers rayons de soleil arrivent, notre demoiselle se remet en quête de pollen et de nectar.

Comme pour beaucoup d’auxiliaires de culture, la lutte ne peut pas être efficace si celui-ci est mal traité et mal logé. Si l’agrandissement de la taille des parcelles est favorable aux populations d’insectes nuisibles qui aiment les plantes cultivées, cela est défavorable aux insectes non nuisibles comme les chrysopes. Ainsi, pour une bonne efficacité, il faut que le lieu d’hibernation des chrysopes adultes se trouve proche de la parcelle à défendre. Les haies sont très appréciées des chrysopes, mais attention, le choix des arbres est important. Notre demoiselle apprécie trouver du pollen sur place dès la sortie de l’hiver puis sur une période étalée. Il faut donc varier les espèces : des noisetiers pour le début du printemps, des prunelliers puis des châtaigniers pour l’été par exemple. Les bandes fleuries le long des parcelles seront aussi très appréciées. Mais attention, ici aussi, la chrysope a ses préférences : l’aneth, la luzerne, le tournesol, le chénopode ou encore les fleurs du soir comme le bleuet. En guise de pied à terre, la chrysope appréciera volontiers les boîtes d’hivernage qui lui assureront un renouvellement annuel. Elles seront idéalement placées au pied d’une haie au bord de la parcelle, ainsi elles ne manqueront de rien et pourront se protéger des dangers de l’hiver.

Préserver les cultures et la biodiversité

Le recours à des insectes non-ravageurs comme la chrysope permet la réduction des insecticides et favorise la biodiversité tout en protégeant les cultures. Même si les larves de nos demoiselles aux yeux d’or raffolent de pucerons, elles ne supprimeront pas totalement la population de pucerons des cultures. En effet, si la chrysope veut permettre à son espèce de perdurer dans le temps, elle doit laisser de la nourriture à ses descendants.
La mise en place de ces méthodes demande du temps et de la patience mais permet la préservation des cultures et de la biodiversité.

Pauline Hervault, Camille Pernot et Hugo Prouille, étudiants en 3e année du programme Ingénieur de l’ESA Angers.

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Le 2e prix du concours d’écriture 2022

En partenariat avec le journal Paysan Breton, Eureden a organisé pour l’année scolaire 2021/2022, un concours de rédaction d’articles sur le thème : “Les processus écologiques à mobiliser pour l’agriculture de demain”. La participation à ce concours est ouverte aux étudiants des classes de BTS de France métropolitaine (ACSE, Productions Animales, agronomie et systèmes cultures, protections des cultures, machinisme…) et des écoles d’ingénieur agricole avec l’aide des professeurs. La participation se fait au titre de la classe.

De gauche à droite : Hugo Prouille, Pauline Hervault, Camille Pernot.

Présentation ESA Angers

L’ESA (Ecole Supérieure d’Agricultures), fondée en 1898, constitue l’un des premiers groupes d’enseignement supérieur agricole français. Il accueille chaque année plus de 2 500 étudiants. Véritable campus agricole, l’ESA propose des formations de tous niveaux : Bac pro, BPREA, BTS, Licence pro, Bachelor, Master et Ingénieur, selon des modalités variées (initiale, continue, à distance, par apprentissage…), au service de l’agriculture, la viticulture-œnologie, l’élevage, l’horticulture, le maraîchage et l’environnement, l’aménagement paysager, l’agroalimentaire. La pédagogie associe depuis l’origine l’expérience de terrain (visites d’entreprises, voyages d’études, stages…), l’acquisition des fondamentaux scientifiques et techniques et l’acquisition de compétences transversales parmi lesquelles l’expression et la communication.


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