Après 4 ans d’expérimentation sur la récolte du maïs ensilage et l’éclatage des grains, l’organisme de conseil Elvup, dans l’Orne, a réalisé son 5e « Défi ensileuse » en ciblant la récolte du maïs épi, fourrage intéressant pour son apport énergétique mais exigeant quant à la technique de récolte et de conservation.
L’essai, en micro-silos et dans 3 silos d’une exploitation, a permis de suivre le réglage de l’éclateur, la durée d’ensilage et l’évaluation de la valeur alimentaire, la dégradation de l’amidon et la granulométrie, ainsi que l’impact d’un conservateur, débouchant sur les 8 préconisations suivantes.
1 Viser 55 % MS pour une fermentation optimale
La matière sèche pour ce fourrage est le point crucial, l’objectif étant d’atteindre 55 % MS. La récolte a lieu en général deux semaines après celle de l’ensilage de maïs. Le suivi de la matière sèche est donc primordial sur ces 15 jours avec obligation de modifier les dates de récolte selon l’évolution de l’épi. À plus de 60 % MS, les fermentations sont limitées et la solubilité de l’amidon évoluera peu. Si tel est le cas, « prévoir d’ajouter de l’eau lors du chantier de récolte pour ramener la matière sèche à 55 % », conseille Yann Martinot, directeur technique de la structure.
2 Composition chimique visée
Au stade optimal de 55 % MS, les valeurs alimentaires révèlent un fourrage riche en énergie (1,12 UFL), avec beaucoup d’amidon (60 %), et peu de NDF (18 %) et une MAT faible (7 %).
3 Granulométrie
La granulométrie évolue en fonction de la fermentation. Même si les essais révèlent qu’il y a peu d’incidence du réglage de l’éclateur (essais à 1 et 1,5 mm), il doit être le plus fin possible (1 à 1,2 mm) pour atteindre des tailles de particules de moins de 2 mm à l’issue de la phase de fermentation.
4 Une fermentation de 60 jours minimum
La patience est de rigueur ! On peut atteindre 70 % d’amidon soluble valorisé dans le rumen – l’objectif visé –, avec un gain de 50 % de solubilité de l’amidon entre J0 et J60. Des analyses ont été réalisées à J0, J14, J28, J42 et J56. Il faut donc bien attendre 60 jours de fermentation avant de distribuer le fourrage. Et ce d’autant plus que la matière sèche est élevée. Avant ce délai, l’amidon est moins soluble et les pertes sont importantes. L’azote suit le même chemin que l’amidon. « Si ce seuil d’amidon soluble n’est pas atteint, la capacité d’absorption de l’amidon en by-pass étant limitée, avec un aliment trop grossier ou mal fermenté, le risque du maïs épi est de produire une réaction inflammatoire au niveau du gros intestin, avec beaucoup de grains retrouvés dans les bouses, que l’on pourrait à tort incriminer à une acidose », précise le nutritionniste.
5 Lutter contre levures et champignons
Ce fourrage est le plus compliqué à conserver : il contient peu de sucres solubles surtout présents dans les feuilles ; les champignons, levures et moisissures sont concentrés sur les épis ; le fourrage est récolté plutôt sec… L’usage d’un conservateur est donc impératif car le risque d’échauffement à la reprise est fort. « Il faut intégrer un conservateur hétérofermentaire à base de Lacobacillus Buchneri à plus de 300 000 UFC/g de matière brute à l’ensilage », préconise Olivier Raux, responsable fourrage et analyses.
6 Deux bâches sur le silo
Si le fourrage est conservé en silo, pour assurer le milieu anaérobie, prévoir une double bâche avec film barrière à oxygène et bâche de protection.
7 Avancement du tas
Elvup conseille d’avancer à raison de 10-15 cm par jour en hiver et 20 à 30 cm par jour en été, avec un front d’attaque le plus lisse possible. Si cette vitesse d’avancement n’est pas possible à atteindre en été, mieux vaut fermer le silo.
8 Densité difficile qui reste à maîtriser
Le tassage doit permettre d’atteindre une densité de 400-500 kg MS/m3 en silo. En boudin, et en round-baller, la technique doit être perfectible pour atteindre ces densités. Les investigations vont se poursuivre sur ce thème cette année.