La sobriété n’est pas la décroissance. La sobriété consiste à faire mieux avec moins. On peut ainsi comparer l’appel à la sobriété nécessaire pour le climat à la sobriété vertueuse au regard de la consommation de vin : n’est-il plus agréable de déguster un seul verre d’une bonne cuvée qu’une rasade de mauvaise piquette ? Le plaisir n’est pas entamé, au contraire ; et la santé y gagne. La même démonstration peut être faite avec l’alimentation, la consommation des objets et des services. La quantité ne fait assurément pas le plaisir. Le risque est que la sobriété nécessaire ne vire à l’ascèse dogmatique. On voit ainsi de nombreux mouvements sectaires surfer sur le dérèglement climatique pour imposer leur doctrine, qui, parfois, ressemble à du fanatisme. Il en va, par exemple, des « anti-viande » qui s’approprient des chiffres-choc pour marteler des messages qui finissent par laisser des traces dans l’opinion. Ainsi, ces lobbies préfèrent-ils appuyer leur démonstration sur les 18 % de gaz à effet de serre (GES) qui seraient imputables à l’élevage – un chiffre de la FAO dont on s’interroge d’ailleurs de quelle rigueur scientifique il émane – que sur des chiffres moins médiatisés mais aussi solides scientifiquement. Rarement, voire jamais, il n’est fait mention des 4 % des GES de l’élevage calculés par l’Agence américaine de la protection de l’Environnement (EPA) ; pas davantage des 5,4 % évoqués par le think tank World Resource Institute. Et encore moins de l’étude du professeur américain Frank Mitloehner, spécialisé dans les sciences animales et dans l’environnement de l’université de Davis en Californie, qui explique que renoncer collectivement à la viande ne ferait baisser l’émission de GES que de 2 %. Pourtant, la vérité est souvent au milieu des extrêmes……
Bataille de chiffres