Le fabricant d’engrais Yara a alerté le 20 septembre sur une « destruction de demande », la hausse des prix faisant que « des zones, comme celles d’élevage, n’ont pas les moyens d’acheter de l’azote ».
« On arrive à des niveaux de prix qui font que certains pans de l’agriculture ne peuvent plus investir dans ces intrants », a déclaré Nicolas Broutin, président de Yara France, lors d’une conférence de presse. Le marché mondial des engrais azotés est « extrêmement tendu », une situation qui dure depuis un an et demi avec les effets de la crise Covid et de la guerre en Ukraine, selon lui. Cela propulse les cours à des sommets, l’agriculteur voyant sa facture multipliée par trois, avait souligné le 8 septembre l’AGPB (producteurs de blé FNSEA). La conséquence est déjà visible en termes de consommation. Sur la dernière campagne, les achats d’engrais azotés ont plongé de 15 %, d’après lui. Et « un scénario à peu près identique » est en cours. Yara signale une nouvelle baisse de consommation de 15 à 20 %, sur la base des chiffres de la FNA (négoce).
Ruptures d’approvisionnement ?
Des ruptures d’approvisionnement d’engrais ne peuvent pas être « complètement exclues », avertit également Nicolas Broutin. « 65 % de nos capacités de production sont à l’arrêt » sur le Vieux Continent « pour une durée indéterminée », indique-t-il. La raison : la flambée du prix du gaz naturel, matière première de l’ammoniac, lui-même précurseur dans la fabrication d’engrais. En effet, le gaz pèse pour 90 % des coûts de production de l’ammoniac.
Dans l’Hexagone, Yara dispose de deux usines de fabrication d’engrais, à Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) et Ambès (Gironde), qui « tournent à plein » grâce à l’importation d’ammoniac. Mais les agriculteurs français s’approvisionnent à quelque 60 % en engrais azotés venus de l’étranger. Et Yara, comme d’autres fabricants d’engrais azotés, a réduit sa production en Europe.