En Bretagne, la forêt présente un déséquilibre structurel entre les ressources feuillues et résineuses et leur utilisation.
La ressource feuillue couvre 75 % du massif boisé breton et produit 10 % des sciages de bois d’œuvre. La ressource résineuse couvre 25 % et produit 90 % des sciages. Les superficies feuillues ont progressé de 3 000 ha en 10 ans. Les superficies résineuses ont régressé de 10 000 ha en 20 ans. Dans les faits, la forêt feuillue bretonne est sous exploitée et confinée essentiellement dans la production de bois énergie. Son apport environnemental et sociétal reste néanmoins incontestable.
Pénurie de bois
La forêt résineuse bretonne est surexploitée. Cette surexploitation concerne les plantations des années soixante dont les produits (bois d’œuvre) ont trouvé leur marché. Deux conséquences directes à cette situation. À moyen-court terme les industries de transformation (scieries) vont manquer de matière première. Des moments compliqués sont à prévoir. Leur pérennité est en jeu et leur disparition porterait un coup fatal à la filière bois bretonne (10 000 emplois). Deuxième conséquence : un déficit breton en performance CO2. Toutes les superficies boisées séquestrent du carbone. Par contre, seules celles qui sont exploitées, cumulent par leur production de bois d’œuvre, la substitution, le stockage, la substitution. En Bretagne, c’est essentiellement la forêt résineuse (90 % des sciages) qui joue ce rôle.
Bashing anti-résineux
Contrairement à la forêt feuillue, la forêt résineuse est en déficit surfacique. Des contraintes environnementales (paysages, etc.) freinent les implantations résineuses. Si certaines réglementations peuvent s’entendre, la généralisation des freins à la plantation sur des zones sans enjeux est incompréhensible vu le défi climatique. En ce sens, le bashing anti-résineux des environnementalistes peut surprendre par son systématisme qui, du coup, désigne ces derniers comme les alliés objectifs des groupes cimentiers et pétroliers.
Il ne s’agit pas d’enrésiner la Bretagne, mais de sanctuariser les superficies de ressources productives, donc résineuses : un objectif somme tout modeste serait d’enrésiner 20 % du massif boisé breton.
Bernard Ménez, élu forêt à la Chambre d’agriculture 29