Les évolutions du secteur agricole sont nombreuses et rapides. Face aux nouvelles tendances, où en est le Gaec, ce modèle sociétaire spécifiquement français, très répandu depuis les années 60 ?
L’agriculture de groupe et les groupements d’agriculteurs ont certainement été à l’origine, depuis les années 60, de la réussite de l’agriculture française et de sa modernisation. Nous pouvons souligner l’importance des lois agricoles de 1962 qui ont posé le cadre de la reconnaissance des modèles associatifs pour les agriculteurs, tels les Groupements agricoles d’exploitation en commun (Gaec). Cette société civile a été conçue, au départ, pour permettre l’exercice en commun de l’agriculture dans des conditions comparables à celles existantes dans les exploitations à caractère familial. Le principe repose sur l’apport des associés en capital et en travail pour vendre la production commune. Le Gaec devait alors permettre d’améliorer les conditions de vie sur les exploitations en encourageant le travail en commun, l’investissement dans la mécanisation et la modernisation des bâtiments.
Un autre grand principe, non formalisé dans les statuts, est l’implication de la profession agricole et de l’administration dans la gouvernance du système, avec notamment le Comité d’agrément des Gaec, qui valide ou non la pertinence de la société. Cet agrément va permettre au Gaec (surtout à ses associés) de bénéficier d’avantages fiscaux (transparence), financiers (prêts bonifiés), d’aides de la Pac, etc.
Enfin, n’oublions pas la dimension sociologique du Gaec en tant que prolongement de l’exploitation familiale, chère au syndicalisme agricole.
Et demain ?
Le Gaec serait-il en 2022, un outil du passé ? C’est un outil adapté à la particularité du secteur agricole. Il a été réformé, les rigidités du départ ont été en partie assouplies. Nombre de réformes fiscales ou sociales, comme celles des cotisations sociales, ou la réaffirmation de la transparence dans les différentes réformes de la Pac, ont maintenu l’intérêt de cette exploitation agricole en commun. Malgré l’apparition d’autres formes sociétaires (SCEA, EARL…), les agriculteurs restent attachés à cette société de personnes.